
Suivi d’un débat auquel participera Tiffany Blandin, autrice de Un monde sans travail ?, aux éditions Seuil-Reporterre.
À force de fixer l’emploi comme une finalité, nous avons oublié que le travail n’est qu’un moyen, mais la pensée économique et politique dominante continue de défendre une idéologie qui, pour certains, n’a plus guère de sens dans les économies occidentales du XXIe siècle. Or les crispations actuelles autour de la dérégulation du travail masquent une réalité effrayante : la rupture du lien entre les activités créatrices de valeur et l’emploi traditionnel, à l’heure d’un nouveau capitalisme numérique. L’emploi semble plus que jamais menacé par la multiplication des dispositifs robotiques et algorithmiques dans tous les domaines, alors que la standardisation gagne tous les secteurs d’activité. Et la question de la place des robots dans la société de demain est dans toutes les têtes qui réfléchissent un tant soi peu à notre avenir.
Alors, fantasme, utopie technicienne du genre « transhumaniste », ou prochaine réalité ? Si l’on en croit l’étude très détaillée qu’a réalisée le Forum de Davos auprès des services des ressources humaines d’entreprises de 15 pays, représentant 65% des salariés de la planète, les robots et les algorithmes sont aux portes des bureaux du secteur tertiaire. Elle prévoit en effet la suppression de 7,1 millions d’emplois dans les cinq ans qui viennent pour une création de seulement 2 millions, soit une perte nette de 5 millions d’emplois. À cette vitesse, ce n’est plus une mutation, mais une rupture, ce que les spécialistes nomment « disruption », qui risque de provoquer des chaos sociaux (...)