Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
« Ce feu, c’est un monstre » : en Gironde, pompiers et habitants en proie à des incendies historiques
Article mis en ligne le 18 juillet 2022

Les pompiers ont beau s’attaquer sans relâche à chaque reprise de feu depuis le début de matinée, le panache noir surplombe les dunes et s’observe désormais à des kilomètres à la ronde. Derrière l’écran de fumée, on distingue le ballet des Canadairs tentant de dompter des flammes de plusieurs mètres de haut qui ont atteint le bord de l’océan au sud de La Teste-de-Buch, en Gironde. Il est un peu moins de 16 heures, dimanche 17 juillet, et depuis la plage bondée du Moulleau, à Arcachon, le doute n’est plus permis : l’incendie qui ravage la forêt n’est pas maîtrisé, et il redouble d’intensité.

A 18 heures, à quatre-vingts kilomètres de là, dans la forêt des Landes du côté de Landiras, le commandant David Brunner patrouille sur la départementale 110 entre les villages de Villandraut et d’Origne, au milieu d’un crépitement angoissant. « Dépité », il observe les flammes grignoter les arbres de haut en bas, générant un nuage opaque devant le soleil qui écrase la Gironde sous plus de 40 °C. Et sous l’effet d’un vent qui ne faiblit pas, elles progressent vite. Le commandant saisit sa radio : « Le feu est à 200 mètres [d’Origne] et il n’y a pas de moyens sur les lieux. » Alors qu’il demande le redéploiement des pompiers pour protéger les maisons du village, évacué depuis plusieurs jours, une autre voix annonce sur les ondes un énième départ de feu plus loin dans la forêt. « Ça ne s’arrête jamais, je n’ai jamais connu un feu comme ça », admet le commandant Brunner, pompier dans le département depuis plus de trente ans.

(...) Lundi, des renforts en effectifs, véhicules et Canadairs sont attendus pour faire face aux 44 °C annoncés. Ces températures ne feront qu’alimenter les deux brasiers que plus de 1 200 pompiers tentent en vain de contenir depuis des jours. Les flammes ont ravagé 13 000 hectares de forêts en moins d’une semaine et ne cessent de progresser. Très peu de bâtiments ont été touchés et aucune victime n’est à déplorer, mais les pompiers anticipent un combat encore très long contre les éléments. (...)

Les pins maritimes caractéristiques des larges massifs du département sont gorgés de résine et hautement inflammables. Si l’on ajoute à cela le vent, la sécheresse qui s’installe depuis des mois et les températures caniculaires, toutes les conditions sont réunies pour faire des forêts girondines une poudrière. (...)