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Ce que j’ai vu cette nuit dans Paris
Article mis en ligne le 14 novembre 2015

Nous avons proposé ce matin à l’écrivain Jean Hatzfeld, ex-grand reporter de guerre, de mettre des mots sur les terribles attentats du 13 novembre. Voici sa réponse, qu’on a trouvée très belle au milieu du cauchemar.

C’était une nuit cauchemaresque, et pas tant que ça cependant. J’ai été très touché par l’humanité aussi profonde qu’inespérée des gens aux alentours des lieux de tueries.

Au moment-même des attentats, j’étais dans un bistrot des bords du Canal de l’Ourcq, donc loin. J’ai descendu le canal pensant rejoindre un métro pour Montreuil, en dessous de République. Tout le long, les gens se montraient extraordinaires, calmes, solidaires, très gentils. Les gens se rassemblaient dans les cafés pour attendre ou s’informer grâce aux smartphones. Dans la rue, d’autres s’organisaient en petits groupes de piétons pour rentrer.

Dès qu’une personne craquait un peu, on l’entourait. On proposait des couvertures ou anoraks à ceux qui pelaient de froid. Des habitants sont descendus sur le trottoir afin de proposer un hébergement à ceux qui le souhaitaient. Des voitures se sont arrêtées pour proposer des places. J’ai vu un taxi débouler et ouvrir ses portes sans qu’il soit question d’argent.

Plus que cela, en trois heures de temps, je n’ai entendu aucun dérapage verbal. Aucune parole déplacée. (...)