Vendredi 10 février, le tribunal correctionnel de Nice a condamné Cédric Herrou, poursuivi pour aide à l’immigration clandestine dans la vallée franco-italienne de la Roya. Le collectif Délinquants solidaires s’insurge contre ce qu’il appelle un « délit de solidarité ».
Cédric Herrou, un agriculteur qui était jugé pour avoir aidé des migrants dans la vallée franco-italienne de la Roya, a été condamné vendredi 10 février à 3 000 euros d’amende avec sursis. Le trentenaire a été condamné pour avoir pris en charge des migrants sur le sol italien, mais il a été relaxé des autres faits qui lui étaient reprochés, notamment l’installation de migrants dans un centre de vacances désaffecté de la SNCF et l’aide au séjour et à la circulation de migrants en situation illégale.
Le parquet, qui lui reproche un détournement de la loi de 2012 accordant l’immunité pénale à ceux qui apportent une aide humanitaire aux migrants, avait requis huit mois de prison avec sursis à son encontre, ainsi que la confiscation de son véhicule, et un usage limité de son permis de conduire aux seuls besoins de sa profession.
Un « délit de solidarité » ?
Quelques dizaines de personnes s’étaient rassemblées vendredi malgré la pluie et l’heure matinale devant le palais de justice pour soutenir le Niçois de 37 ans reconverti dans l’agriculture bio à Breil-sur-Roya et dont l’aide aux migrants est devenue le cheval de bataille.
Le monde associatif est en effet mobilisé depuis des semaines pour dénoncer ce qu’il appelle un « délit de solidarité ». Le collectif Délinquants solidaires, qui regroupe plus de quatre cents organisations, a ainsi organisé un rassemblement jeudi 9 février Place de la République à Paris sur le thème : « Si la solidarité avec les étrangers est un délit, alors nous sommes tous délinquants ».
Le manifeste de « Délinquants solidaires » intitulé « La solidarité, plus que jamais un délit ? », a été signé par plus de quatre cents organisations françaises (...)
Pour Laurent Seux, directeur France-Europe du Secours catholique, non seulement l’État ne remplit pas ses missions de protection des migrants, mais il cherche à entraver les personnes qui veulent apporter leur aide.
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Parmi les participants au rassemblement, Pierre-Alain Mannoni, enseignant-chercheur du CNRS qui a été lui-même poursuivi pour avoir covoituré trois Érythréennes migrantes venues d’Italie le 17 octobre dernier dans la Vallée de la Roya. Il a été relaxé vendredi 6 janvier par le tribunal correctionnel de Nice. « Dire qu’il est condamnable d’apporter son secours à une personne en danger n’est absolument pas justifiable » nous confie-t-il. (...)