
Contradictions politiques et contradictions personnelles
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Depuis plusieurs années, c’est comme si le « consensus » sur la gestion de nos services publics était omniprésent : « sérieux » budgétaire,« restitutions » d’emplois publics, le tout mélangé en une « modernisation publique » dont on peine parfois à saisir la finalité. On nous exhorte à garantir la « qualité de service » sans nous donner les moyens de le faire ? On nous demande de « mettre l’usager au centre » mais, surtout, d’obéir à la hiérarchie ? L’injonction contradictoire devient un mode de management, la perte de sens un quotidien dont on a du mal à s’affranchir.
La crise sanitaire aggrave le plus souvent ces contradictions. Le rôle de l’État n’a jamais été aussi nécessaire, et la défiance envers les institutions publiques jamais aussi élevée. La « gestion » passée de nos services publics apparaît plus problématique que jamais, mais on nous fait comprendre qu’il est urgent de continuer comme avant : absence de projection à moyen et long terme, faiblesse générale de la réflexion sur les besoins réels des citoyennes et des citoyens, difficultés à exprimer son avis du fait d’une conception très extensive du “devoir de réserve”. Ces contradictions,nous les ressentons aussi personnellement. Comme si l’hémisphère “professionnel”de notre cerveau était en contradiction croissante avec son hémisphère “citoyen”. (...)
Mettre au jour et agir contre les dysfonctionnements institutionnalisés de nos administrations (...)
Nous avons décidé d’arrêter de subir cette perte de sens. Nous pensons que nous avons un rôle à reprendre pour décrypter ces dysfonctionnements et redonner au service public toute la place, la signification et l’impact qui font que nous nous y sommes engagé·e·s. Il faut que nous assumions l’évidence : notre travail est politique. Nos lieux de travail sont des lieux politiques. Et les problèmes qui les parcourent sont des sujets publics, dont il nous semble nécessaire que la société puisse prendre connaissance et se saisir pour trouver les solutions les plus appropriées.
Avec une centaine d’agents des services publics, fonctionnaires ou contractuel·le·s participant, au sein de l’administration, à la conception et à la mise en œuvre des politiques publiques de l’état, des collectivités territoriales,des hôpitaux, de la sécurité sociale etc.nous nous constituons aujourd’hui en collectif. (...)
La loyauté, c’est dire les problèmes plutôt que de les occulter (...)
Rejoignez-nous ! Notre capacité à changer les pratiques de l’administration dépendra aussi de notre présence dans tous les secteurs et toutes les catégories de l’administration. Notre collectif gagnera en poids et en pertinence pour chaque nouvelle expérience, énergie ou bonne volonté qui le rejoindra pour défendre une autre conception de l’Etat et des services publics. (...)