
Ils bossent pour Direct Assurance en France, Telecom Italia à Rome, Free au Maroc ou Téléperformance à Tunis. Tous ont un point commun : ils travaillent dans des centres d’appels. Et subissent le même type de management agressif, avec son lot de stress et de pathologies, quelles que soient leurs nationalités.
Des téléopérateurs de plusieurs pays se sont réunis à Tunis, dans le cadre du Forum social mondial (FSM), pour continuer de construire leur Réseau international des centres d’appels, lancé à l’initiative de l’Union syndicale Solidaires et de la Fédération CGT des Sociétés d’études (lire également notre article).
« Dès que tu atteins un objectif, on en fixe un nouveau plus élevé », témoigne Brahim, salarié depuis huit ans chez Téléperformance à Tunis et syndiqué à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). L’entreprise française spécialisée dans la « relation-clients » possède six centres d’appels en Tunisie et y emploie 5 000 personnes. « Nous sommes sujets à des maladies du travail. Pas seulement des troubles musculo-squelettiques ou des troubles de la vision liées à la lumière non naturelle et aux écrans, mais aussi à des troubles psychologiques. Et à cause des scripts à répéter, des questions obligatoires à poser, on se fait insulter tous les jours par les clients. »
« Malade ou pas, tu vas travailler, tu n’as pas le choix » (...)
Les syndicalistes tunisiens avaient entamé des négociations salariales. Mais face à un patronat qui menace ici aussi de délocaliser, ces négociations sont au point mort. (...)
« C’est un système d’exploitation universel qu’il faut arriver à combattre ensemble », lance Brahim. Tel est l’objectif de ce réseau international des téléopérateurs, qui se structure de la Belgique à l’Afrique du Sud, de l’Argentine à la Grèce. En plus d’aider des syndicats à se créer, comme chez Free au Maroc, des revendications communes sont en préparation
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Problème : en Europe comme ailleurs, les syndicalistes sont sous pression : « Dans les boîtes, les camarades sont submergés : par les plans sociaux en France et en Europe, par l’accélération des cadences et le renforcement du flicage en Afrique du Nord », pointe Frédéric Madelin, de Solidaires. Un obstacle de plus à surmonter pour construire la solidarité entre « téléconseillers » du monde entier. (...)