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Basta !
Ces centaines de milliers d’emplois qui n’attendent qu’une véritable volonté politique pour être créés
Article mis en ligne le 5 avril 2017
dernière modification le 3 avril 2017

Les candidats à l’élection présidentielle débattront ce 4 avril de la manière de lutter contre le chômage. Ils feraient bien d’écouter la société civile, syndicats et associations écologistes, qui sont d’accord sur le fond : la transition énergétique au profit d’une société plus sobre et plus durable pourrait créer 100 000 emplois en quelques années et près d’un million d’ici trente ans. Les transports sans pétrole, les bâtiments écolos ou la production d’énergies renouvelables incarnent l’avenir du travail. Les économies d’énergie libèreront du pouvoir d’achat. Mais ces scénarios optimistes ne se concrétiseront que si le futur gouvernement investit massivement dans la formation et la reconversion, et qu’il cesse de maltraiter le monde du travail.

(...) « En agrégeant les principaux secteurs concernés par la transition – soit l’énergie, le bâtiment et les transports – on peut mesurer l’impact économique du scénario, annoncent les experts de négaWatt. Les premières années, les investissements seraient compensés par les économies d’énergie. Puis, en 2030, le bilan deviendrait excédentaire, avec une économie annuelle de 26 milliards d’euros dès 2040. Mais ces calculs n’intègrent pas d’éventuelles hausses du prix des énergies classiques, qui augmenteraient encore les bénéfices de la transition. Le rapport de la société civile imagine encore d’autres pistes : « La longue liste des niches fiscales défavorables à la transition écologique et la perte de recettes due à la fraude et à l’évasion fiscale sont les gisements qu’il faut exploiter pour financer la transition énergétique en complément de la nécessaire reprise en main du crédit ».

Parmi ces niches fiscales : l’exemption totale de taxe sur le carburant accordée au transport aérien (2,8 milliards d’euros en 2015), l’écart de taxation entre l’essence et le diesel (3,6 milliards d’euros en 2017), le taux réduit de la taxe intérieure de consommation sur le gazole – notamment pour les agriculteurs et le BTP (1,8 milliards d’euros en 2016). « Une stricte application des règles de fiscalité permettrait de lever chaque année de 30 à 160 milliards d’euros supplémentaires pour le budget de l’État selon les catégories de fraude qui sont prises en compte », ajoutent les auteurs du rapport. De quoi couvrir les dépenses et investissements publics et privés nécessaires à la transition que la plate-forme chiffre à 105 milliards d’euros par an. (...)

Certaines entreprises de transports réfléchissent au déplacement de marchandises par bateau plutôt que par camion, en mettant en place des formations pour que les chauffeurs routiers apprennent à conduire des péniches. À Chalon-sur-Saône par exemple, des dizaines de camions transportent chaque jour du calcin – du verre cassé – alors que la zone industrielle dispose d’infrastructures fluviales, en la Saône qui mène au Rhône et le canal du Centre qui la relie à la Loire. Les 1 200 camions qui circulent chaque mois pourraient ainsi être remplacés par 120 péniches. La pollution serait moindre, les routes moins abîmées. Ailleurs, des travailleurs du bâtiment se forment pour apprendre les techniques ardues de l’isolation par l’extérieur. « Tout se fait en lien avec des élus locaux, qui ont tout intérêt à ce qu’un maximum d’emplois demeure sur leur territoire », précise Marie-Claire Cailletaud. (...)

Pour les auteurs d’Un million d’emplois, l’enjeu est de faire la jonction entre les ONG écologistes et les syndicats de salariés. Pour le moment, les seules organisations syndicales impliquées dans la plate-forme sont Solidaires, la Fédération syndicale unitaire (FSU), et la Confédération paysanne. « L’intersyndicale a bien fonctionné pendant la lutte contre la loi travail, tempère Didier Aubé. Cela crée des liens, établi une relation de confiance. On pourrait s’en servir comme point de départ pour évoquer d’autres sujets. »

« Le problème, c’est qu’il n’y a aucune volonté des industriels d’investir vers des innovations permettant de limiter le réchauffement climatique, regrette de son côté Gwénaël Plagne, le délégué syndical de la centrale de Cordemais. Côté salariés, ça bouge. (...)

Les syndicats et organisations de la société civile engagées pour la transition énergétique demandent aussi une diminution du temps de travail, et un nouveau statut du travail salarié avec une sécurité sociale professionnelle permettant d’alterner les périodes de formation et d’emploi.

La revalorisation des salaires dans les secteurs « gagnants » – bâtiment, énergies renouvelables, logistique, transport inter-modal... – semble également nécessaire. Las, le dernier quinquennat, qui devait pourtant de faire de la France « le pays de l’excellence environnementale », n’a pas pris le chemin de ces diverses révolutions. (...)