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"Chaque jour est un cauchemar" : au centre de rétention de Rennes, climat de tension entre migrants et policiers
Article mis en ligne le 9 août 2021

Un affrontement entre migrants et policiers a eu lieu au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes le vendredi 30 juillet. Les tensions résultent d’un allongement des durées de rétention à cause de la fermeture des frontières.

C’est la goutte de trop. Un conflit a éclaté au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes le vendredi 30 juillet. Migrants, association et préfecture confirment cette altercation. Celle-ci aurait commencé entre deux migrants, puis dégénéré en mouvement collectif de protestation contre les forces de police, selon la préfecture.
"Aspergés de gaz lacrymo"

"Ils sont venus, ils nous ont aspergés de gaz lacrymo, puis enfermés", relate Amir*, contacté par téléphone et présent lors de l’affrontement dans le réfectoire. A l’origine : un homme s’est plaint du contenu de son assiette, raconte Amir*. Très vite, le ton est monté.

"On veut éviter les tensions", assure Moussa*, originaire du Gabon et retenu au CRA depuis le 24 juin. "C’était la troisième fois que j’assistais à une telle scène. On essaie d’entamer le dialogue avec certains policiers, mais ils nous provoquent tous les jours. Il n’y a ni dialogue, ni respect." (...)

Amir* était prêt à participer financièrement à son expulsion : "Je me suis porté volontaire pour payer mon billet retour vers l’Algérie, mais aucun vol n’est disponible. Cela fait 30 jours que je suis là. On vient de me rajouter 30 jours. C’est de l’injustice." Lorsque le départ immédiat est impossible, la durée de rétention peut être prolongée jusqu’à 90 jours par le juge.

S’ajoute à cela l’obligation de présenter un test PCR négatif récent exigé par certains pays, condition sine qua non pour recevoir des expulsés. "Certains refusent de s’y soumettre et sont envoyés en prison", confirme Justine Thomas, qui parle d’un "aller-retour CRA, prison constant". Jugée illégale par les avocats spécialistes en droit des étrangers, cette pratique est inscrite dans la loi sur la gestion de crise sanitaire, qui vient d’être validée par le Conseil constitutionnel. (...)

Les conditions d’incarcération n’arrangent pas les choses. "Ici, il n’y a que l’angoisse et le stress, rien d’autre", confie un migrant retenu au CRA de Rennes depuis 35 jours qui se dit "fatigué moralement et physiquement". Il ajoute : "On nous enferme dans nos cellules à 21 heures comme des détenus, alors que nous sommes des « retenus ». Je suis obligé de prendre des médicaments pour dormir. On a besoin d’aide." Un constat partagé par Amir* : "Chaque jour est un cauchemar. Personne ne nous écoute." (...)

A la suite de l’altercation, une procédure judiciaire a été ouverte sous l’autorité du Procureur de la République de Rennes et des plaintes ont été déposées.