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Ligue des Droits de l’Homme/communiqué, Paris, le 1er septembre 2023
Chili : 50 ans après le coup d’Etat – Pour Victor Jara, la justice enfin
#pinochet #memoire #Chili #VictorJara
Article mis en ligne le 4 septembre 2023
dernière modification le 3 septembre 2023

Il aura fallu cinquante ans pour que la Cour suprême du Chili rende définitivement une décision condamnant à vingt-cinq ans de prison sept militaires, maintenant retraités, pour délits de séquestration, de tortures et d’homicide du chanteur Victor Jara.

Guitariste, compositeur, militant du parti communiste et membre du gouvernement d’Unidad Popular de Salvador Allende, il a été détenu le 12 septembre 1973, un jour après le coup d’Etat, et assassiné peu de jours après avoir subi d’effroyables tortures… Entre autres tortures, ses tortionnaires lui ont coupé les doigts à la hache pour faire taire sa musique.

Ce fut un des crimes les plus symboliques de la dictature.

La procédure concernant la mort de Victor Jara est un des cas relevant de la justice chilienne qui a mis le plus de temps à aboutir.

Cette sentence définitive arrive seulement quinze jours avant la commémoration au Chili des cinquante ans du Coup d’Etat dans une ambiance de forte polarisation sociale sur le récit officiel des faits du 11 septembre 1973.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) se félicite de cette décision, bien qu’elle soit tardive, et espère qu’elle sera appliquée avec la plus grande rigueur.

Lire aussi :

 (Mediapart)
Cinquante ans après, sept assassins du chanteur chilien Víctor Jara définitivement condamnés

Le chanteur chilien, notoirement engagé à gauche, avait été torturé puis tué peu après le coup d’État mené par le général Augusto Pinochet en septembre 1973. La procédure judiciaire avait pu être relancée en 1998 après l’arrestation du dictateur à Londres.

À deux semaines des commémorations du coup d’État du 11 septembre 1973, sept anciens militaires, âgés de 73 à 86 ans, ont été définitivement condamnés lundi 28 août par la justice chilienne pour l’enlèvement et l’assassinat du chanteur Víctor Jara. Engagé en faveur du gouvernement socialiste de Salvador Allende, l’auteur de « El derecho de vivir en paz » (« Le droit de vivre en paix »), un chant pacifiste composé en 1969 pour dénoncer l’intervention américaine au Vietnam, et de « Te recuerdo Amanda », avait été un des tout premiers martyrs de la dictature de Pinochet.

Víctor Jara, fonctionnaire à l’université de Santiago et membre du Parti communiste chilien, avait été arrêté par des militaires le 12 septembre 1973, dans l’enceinte même de son établissement où devait être inaugurée la veille une exposition photographique, « Por la vida... ¡ Siempre ! » (« Pour la vie... Toujours ! »), organisée dans le cadre d’une campagne antifasciste nationale.

Le président socialiste Salvador Allende devait participer à la cérémonie. Mais le coup d’État mené par le général Augusto Pinochet avait définitivement plongé le pays dans les ténèbres et mis à bas le programme prévu. Sous sa dictature, plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort ou ont été portées disparues. Près de 38 000 ont été torturées. (...)

la Cour suprême a condamné lundi Raúl Jofré González (75 ans), Edwin Dimter Bianchi (73 ans), Nelson Haase Mazzei (77 ans), Ernesto Bethke Wulf (77 ans), Juan Jara Quintana (75 ans) et Hernán Chacón Soto (86 ans) à 15 ans de prison pour homicide aggravé et à 10 ans pour enlèvement aggravé. Un ancien procureur militaire, Rolando Melo Silva (83 ans), a écopé, lui, de plus de cinq ans pour complicité.

Au cours de la longue procédure judiciaire, trois anciens militaires poursuivis sont décédés. Un autre inculpé, Pedro Barrientos, se trouve aux États-Unis depuis 1990 et pourrait être jugé après avoir été extradé. En juillet, un juge de Floride, État où il réside, l’a déchu de sa nationalité étasunienne. (...)

L’arrêt de la Cour suprême est intervenu le jour même où Gabriel Boric assistait à l’inauguration de l’exposition qui n’avait pas pu avoir lieu il y a cinquante ans à l’université. « Nous donnons une continuité à l’histoire. Nous nous souvenons également de nos morts, qui sont les morts du Chili, et il s’agit d’un chant à la vie », a déclaré le président, cité par le journal La Tercera. (...)