
Ancien ministre et n° 2 de l’Élysée sous Sarkozy, ex- directeur de la police, Guéant va passer sa première nuit en prison. Un tremblement de terre au sein de l’ancien clan présidentiel. Sur @Mediapart @fabricearfi vous raconte la chute du « Cardinal ».https://t.co/5NfIHoUC9k
— Edwy Plenel (@edwyplenel) December 13, 2021
Claude Guéant, l’histoire d’une déchéance
Ancien ministre et n° 2 de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, ancien directeur de la police, qui revendiquait force et ordre contre les délinquants, Claude Guéant va passer, lundi 13 décembre, sa première nuit en prison. Un tremblement de terre au sein de l’ancien clan présidentiel. (...)
Il s’agit d’une première, dans l’histoire récente de France, pour un homme politique ayant occupé autant de fonctions sur le toit de la République. Ancien ministre de l’intérieur, secrétaire général de l’Élysée, directeur de la police nationale, préfet, directeur de cabinet et, pendant une décennie, entre 2002 et 2012, inséparable bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant a été incarcéré, lundi 13 décembre.
Surnommé du temps de sa splendeur « le cardinal » ou « le vice-président » – c’est dire l’idée de puissance dont il a été longtemps entouré –, il a été placé en détention au centre pénitentiaire de la Santé, situé dans le sud de Paris. (...)
La déchéance est totale pour ce haut fonctionnaire discret et taiseux, qui a si longtemps revendiqué la force et l’ordre contre les délinquants et qui se retrouve aujourd’hui lui-même englué dans les rets de la justice pour d’innombrables dossiers ayant marqué, au-delà de son cas personnel, tout le sarkozysme (affaires des primes, des financements libyens, du Kazakhgate, des sondages de l’Élysée…).
Après l’incarcération en septembre 2019 de l’ancien député et maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) Patrick Balkany – il a depuis été libéré pour raisons de santé –, Claude Guéant est la deuxième personne du tout premier cercle de Nicolas Sarkozy à se retrouver derrière les barreaux pour des affaires d’atteinte à la probité.
Son incarcération est la conséquence d’une décision prise en septembre dernier par une juge d’application des peines (JAP) du tribunal de Paris et confirmée début novembre par la cour d’appel, en raison de son comportement depuis sa condamnation à deux ans de prison dont un ferme dans l’affaire dite des « primes » du ministère de l’intérieur. (...)
Condamné à payer 180 000 euros (75 000 euros d’amende et 105 000 euros de dommages et intérêts), Claude Guéant a, d’après les décisions de justice, renâclé à honorer sa dette envers l’État en dépit d’une situation financière qui lui aurait permis de faire plus et mieux, selon un rapport de police de janvier 2021 révélé par Mediapart. D’où son placement aujourd’hui en détention, consécutif d’une double révocation de son sursis et de son placement en liberté conditionnelle (voir ici toutes les précisions).
La durée de la détention de Claude Guéant pourrait durer neuf mois, selon les décisions judiciaires, mais son avocat, Me Philippe Bouchez El Ghozi, devrait demander rapidement une remise en liberté en raison de l’état de santé de son client de 77 ans, qu’il dit « préoccupant », notamment sur le plan cardiaque.
Sur le fond du dossier des primes du ministère, Claude Guéant continuait de revendiquer, il y a dix jours seulement, devant la caméra d’un youtubeur mondain, une « pratique tout à fait habituelle au ministère de l’intérieur depuis des décennies », avant de s’en prendre à la justice : « Au lieu de dire le droit, la justice crée le droit […] alors qu’aucun texte ne s’y oppose ! »
Cela en dit long sur le sentiment d’impunité qui semble continuer d’étreindre Claude Guéant, malgré les condamnations judiciaires et leurs motivations cinglantes. (...)
d’autres dossiers d’ampleur attendent l’ancien « cardinal » de Nicolas Sarkozy et menacent tout l’édifice de « République irréprochable » maintes fois promise par l’ancien chef de l’État. (...)