
« Mais pourquoi nous avait-on promis d’avoir le droit d’être Français quand nous avons été mobilisés pour faire la guerre de 1939-45 ? », demande un survivant africain. Une bonne occasion de revenir sur cette tare colonialiste. Car il s’agit d’un refus, conscient et durable, des gouvernements. C’en est même une caricature. »
Pour la toile de fond qui se dessine, mais aussi pour ses origines et leur maintien, un conseil de lecture : Frère d’âme de Denis Diop [2]
Une toile de fond visible
Le déni des droits pour les « étranger·ères » – surtout celles et ceux issu·es des ex-colonies – est une constante. Au lieu du « droit du sol », – principe de notre démocratie – s’exerce à leur égard une sorte d’ostracisme, une sorte de fatalité qui tiendrait à leur sang. On mesure cette continuité, en consultant le livret de l’Avenir en commun intitulé « Pour une république anti-raciste ». Devant la pression des adhérent·es de la France Insoumise, le programme a pourtant évolué sur ce point. En effet, il comporte pratiquement tous les droits exigés par les mouvements liés aux luttes des « immigré·es ». Tous, sauf un : le droit de vote aux élections politiques, dès lors que les personnes travaillent et vivent ici depuis quelques années (deux ou trois…). (...)
Une réponse hypocrite survient vite. « Mais si, il y a le droit de vote aux élections locales ». Cette formule faisait partie des cent-dix promesses de François Mitterrand. Mais, elle n’a jamais été mise en œuvre. Motif, à l’époque : la masse de la population ne le comprendrait pas ! Avec une argumentation gorgée d’esprit colonial et raciste quand on la réécoute : il faut bien qu’ils aient le temps d’apprendre nos institutions et que les français se fassent à cette idée.
Pourtant, s’ils ne sont pas « comme nous », les premier·ères à s’être stabilisé·es dans « l’hexagone » sont arrivé·es dans les années 1930. Nous en sommes à des immigré·es de la sixième génération !
Et certain·es, d’origine algérienne, furent un temps « Français » de plein droit, jusqu’en 1962.
François Mitterrand, ex-ministre de la Justice de la 4e République, pouvait-il se déjuger après en avoir fait exécuter pendant la guerre d’Algérie ?
Et tout cela nous suit depuis
Ainsi, au moment du Front de gauche, en 2011, les dirigeants de la France Insoumise s’opposaient à ce que cette exigence – soutenue par le PCF, la GU et la FASE – soit inscrite dans le texte.
Ici, reconnaissons que le film Tirailleurs pourrait être l’occasion de changer cette « règle ». Cessons d’ouvrir une autoroute aux idées de la droite raciste ! Nous entendons assez les « vous voyez bien qu’ils/elles ne sont pas comme nous ! ». Sur le ton de Zemmour ou de Louis Aliot, quelle différence ?
De fait, le silence tacite des organisations de la NUPES est aujourd’hui sans excuse. Ce n’est pas parce qu’il y a – aussi ! – d’autres urgences avec leur lot de clarifications nécessaires qu’il faudrait cacher ce juste droit. (...)