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Combattre le racisme d’Etat
Article mis en ligne le 18 août 2016

Voilà deux ans que pour la première fois j’ai ressenti le besoin d’écrire pour partager publiquement mon désarroi. J’avais défendu des personnes à qui l’on reprochait d’avoir commis des actes à connotation antisémite, ainsi que des personnes parties faire le Jihad. J’évoquais déjà un racisme d’Etat à venir. Je ne pensais pas que celui-ci pourrait s’exprimer aussi précocement. J’ai eu tort.

(...) Je pense aujourd’hui à ces familles, de confession musulmane, par naissance, tradition familiale ou simplement par choix. Ces familles qui en quelques mois ont subi tous les outrages de la république.

L’état d’urgence d’abord, au cours duquel elles ont été perquisitionnées, violentées, assignées à résidence par un Etat désorienté. Un état d’urgence rendu permanent par le législateur, consacré par des juridictions administratives devenues de vulgaires annexes du ministère de l’intérieur.

Je les entends encore au téléphone, plusieurs mois après que les arrêtés d’assignation à résidence aient été abrogés, me demander pourquoi ? Pourquoi nous ? Qu’avons-nous fait de mal ?

Que puis-je leur répondre ? Que l’état d’urgence est une loi votée et prorogée par le législateur, presqu’unanime ? Que l’injustice et l’horreur qu’ils ont eu à subir est le fait d’une loi ? Ou bien encore qu’il y a désormais une doctrine d’Etat qui fantasme une continuité entre certaines formes de pratique religieuse au terrorisme de l’Etat Islamique, qu’il vaudrait peut être mieux être discret, pratiquer en cachette, préférer les sous-sols pour la prière, l’ombre à la lumière, mais surtout de ne pas renoncer complètement à leur croyance au risque d’être dans la dissimulation, présomption presque irréfragable de terrorisme.

Je n’ai pas su trouver les mots quand à cette première injustice s’est ajouté la déchéance de nationalité. Ce sombre débat touchant à nos plus solides fondements républicains, l’égalité, le droit du sol. (...)