
Le livre de Grégory Carteaux, “Eva Joly et les affaires financières” (éd. L’Harmattan), porte sur les affaires financières instruites par Eva Joly au Pôle financier, à partir de 1994, et sur la façon dont la télévision en a façonné un compte-rendu biaisé, où les accusés finissaient parfois par avoir le beau rôle. C’est souvent le cas des lanceurs d’alerte en France, sur qui on fait planer les pires soupçons pour tenter de les discréditer. Une nouvelle fois, Marie Coutelou, adhérente Anticor de La Rochelle, nous offre une fiche de lecture et nous l’en remercions :
Ce pourrait être le synopsis d’un feuilleton policier… Ou bien un roman dont l’héroïne serait un avatar qui peu à peu phagocyterait la vie de la personne réelle dont il serait issu… Mais ne nous égarons pas : il s’agit d’un immense et très minutieux travail d’analyse sémantique sur l’image télévisuelle d’Eva Joly. Grégory CARTEAUX, sémiologue, en disséquant, séquence par séquence, toutes les apparitions d’Eva JOLY sur le petit écran de 1994 à 2009, se livre à un démontage du discours télévisuel, en décrit les rouages, les ressorts, fonctionnements et dysfonctionnements. Il expose comment l’écriture télévisuelle fabrique de l’information à partir d’éléments très ténus, voire de carences informatives, en juxtaposant des images de composition ou issues d’autres contextes. Se construit autour de faits réels qu’elle dramatise, entretenant un suspense. Elabore des scénarios, y introduisant tous les éléments de l’écriture cinématographique et tous les thèmes récurrents de l’écriture romanesque, voire du mélodrame : amour, argent, lutte pour le pouvoir, sexe, pathos…
Comment certains personnages politiques ou appartenant à de hautes sphères financières usent et abusent de ce média, en maîtrisant parfaitement le fonctionnement, pour manipuler l’opinion publique, la retourner en leur faveur et construire des fictions que le téléspectateur prendra pour des faits réels. (...)