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Comment j’ai découvert le lien entre l’esthétique et les mathématiques grâce à un professeur de fort méchante humeur.
Article mis en ligne le 15 avril 2014
dernière modification le 14 décembre 2024

par Marie-Claude Saliceti

Entre les maths et moi, tout se passait mal. Malgré des leçons particulières, j’ai culminé avec un 4/40 au BEPC qui a achevé de me convaincre de l’incompatibilité chronique avec laquelle j’allais devoir me débrouiller.

Dans cet état d’esprit j’ai découvert – en seconde, lors du premier cours de maths – que les choses pouvaient être pires : un professeur exaspéré d’entrée de jeu, criant son mécontentement devant le « niveau » de la classe, et faisant pleuvoir des zéros tout le long du cours... stupeur et tremblements et chacune « au tableau ! » de perdre les quelque moyens qui pouvaient lui rester.

C’était tellement effarant, que je me suis mise à me réconforter intérieurement pour ne pas céder à la panique : « de toutes façons elle est payée pour m’enseigner les maths, elle ne me tuera pas ! En plus elle est très moche... je ne me laisse pas impressionner, j’attends que ça passe » et tant pis pour les « au tableau ! Zérrro ! » (elle roulait les r pour ne rien arranger).

 Premier devoir corrigé .... la première copie était justement la mienne, exposée entre pouce et index : « le devoir de Melle Saliceti est un torrrchon. En plus tout est faux. La prochaine fois je déchire et je mets 0 directement ! ».

Alors là, je ne sais pas ce qui m’a pris : je lui ai carrément calligraphié le second devoir... chose que je n’avais jamais eu l’idée de faire avec aucun devoir jusque là, ni en maths ni ailleurs !

 Nouvelle exposition « le devoir de Melle Saliceti est toujourrrs aussi faux mais elle a fait une page d’écrrriture ! »...

Et j’ai continué à faire des « pages d’écriture » : lettres calligraphiées, traits impeccables, mise en page soignée dans le moindre détail ... ça m’amusait de plus en plus ! - tout en ne me donnant pas pour autant envie de faire la même chose pour les autres devoirs, où d’ailleurs je réussissais beaucoup mieux – quant au contenu.

je sentais aussi que je parvenais à intriguer le Cerbère et je n’étais pas mécontente de ce résultat.

En fait de résultats, il s’est produit une chose inattendue – en tous cas, que je n’attendais pas : le contenu est devenu de moins en moins faux. A la fin de l’année j’avais presque tout juste !! et un prof qui devenait presque aimable avec moi...

L’année suivante nous avions toujours le même prof. J’étais impatiente de retrouver la calligraphie et les mathématiques. La géométrie dans l’espace de mon année de première reste un des plus grands plaisirs intellectuels que j’ai connus. Je découvrais la beauté du raisonnement, du temps passé à chercher, de la mise en page... De plus j’avais des notes incroyables, un prof complètement apprivoisé, expliquant d’une manière qui m’apparaissait lumineuse. c’était vraiment réjouissant.

Je suis convaincue, depuis, de l’existence d’un lien intrinsèque entre l’esthétique et les mathématiques.

Compte-tenu de mes résultats, je me suis orientée vers un bac mathématiques (Math’ Elem à l’époque). Mais tout est redevenu banal. Beaucoup moins facile, pas insurmontable non plus... L’illumination avait disparu ! peut-être parce qu’il n’y avait plus de cerbère à vaincre ou séduire… le professeur avait changé...

L’année suivante je me suis inscrite en fac de lettres...


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