
Léonardo Villalón (dir.), Oxford Handbook of African Sahel, Oxford University Press, 2021
Longtemps en marge des préoccupations des chercheurs et des politiques, les pays du Sahel ouest-africain ont récemment attiré l’attention du monde entier, principalement en tant que champ de bataille clef dans la « guerre contre le terrorisme ». Ce livre va au-delà de ce point de vue étroit, en fournissant une évaluation multidimensionnelle et interdisciplinaire de la région dans toute sa complexité. L’accent est mis sur les six pays au cœur de l’espace géographique sahélien : le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. (...)
Jean-Loup Amselle, L’invention du Sahel, Éditions du croquant, 2022
Le Sahel est une catégorie, comme toutes les catégories qui s’appliquent à l’Afrique, ethniques et géographiques entre autres, qui semble aller de soi. Évoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections qui se produisent dans toute cette zone depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». (...)
Marco Aime, Andrea De Georgio, Il grande gioco del Sahel, dalle carovane di sale ai boeing di cocaina, Bollati Boringhieri, 2021
La ceinture subsaharienne, appelée Sahel (« rivage » en arabe), se caractérise depuis des siècles par un climat erratique, lié à l’irrégularité des précipitations. Ici, la coexistence entre éleveurs et agriculteurs a toujours été nécessaire, mais elle est aussi source de conflits pour les ressources.
Mais ces dernières années, les affrontements se sont transformés en véritables massacres, en partie à cause de l’imbrication des enjeux territoriaux avec le nouveau djihadisme. Plusieurs massacres ont ensanglanté des villages dogons au Mali et dans la région sahélienne du Burkina Faso, provoquant des dizaines de milliers de déplacés. (...)
cette région est devenue l’une des principales plaques tournantes de la politique internationale, notamment souterraine. Différents intérêts convergent vers le Sahel, impliquant les grandes puissances européennes comme la France, les nouveaux plans expansionnistes de la Chine en Afrique, les visées hégémoniques des factions djihadistes les plus radicales, le marché international de la drogue et des armes, et le trafic lucratif de nouveaux esclaves vers l’Europe. (...)
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