
Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise doit examiner ce lundi un référé-liberté visant à remédier d’urgence à « l’état d’indignité permanent et endémique au centre pénitentiaire des Hauts-de-Seine ». Les requérants dénoncent « l’inertie manifeste des autorités ».
Lundi 28 novembre, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise doit se pencher sur les conditions de détention à la prison de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il a été saisi d’un référé-liberté, une procédure d’urgence déposée par la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), l’Ordre des avocats du barreau des Hauts-de-Seine et l’Association des avocats pour la défense des droits des détenus (A3D).
Ces trois organisations demandent à la justice de « faire cesser l’état d’indignité permanent et endémique au centre pénitentiaire des Hauts-de-Seine », en contraignant l’État à prendre une série de mesures. Dans leur requête, que Mediapart a pu consulter, les avocats Fabien Arakelian et Juliette Chapelle détaillent « l’état de délabrement généralisé de l’établissement » : chauffage inefficace, installations électriques dangereuses, hygiène catastrophique, entre autres.
Pour étayer leur propos, les requérants s’appuient sur « les constats récurrents et alarmants du contrôleur général des lieux de privation de liberté » (lors de ses visites de 2010 et 2016), sur une décision déjà rendue par la justice administrative en 2020, mais aussi sur un rapport du bâtonnier des Hauts-de-Seine, venu visiter l’établissement le 31 mai 2022 grâce à une nouvelle disposition légale. Ils relaient aussi les témoignages récents de détenus, de l’équipe médicale de l’établissement et de deux parlementaires. (...)
Au 1er septembre 2022, le centre pénitentiaire de Nanterre comptait 884 détenus pour 592 places, soit un taux d’occupation de 148 %. La surpopulation est ancienne et chronique. Même au plus fort de la pandémie de Covid, au premier semestre 2020, ce taux n’est jamais descendu sous les 130 %.
Dans un contexte où les prisonniers disposent d’un « espace personnel inférieur à 3 mètres carrés » chacun, ils ne peuvent bénéficier ni « d’intimité », ni « d’activités épanouissantes et qualifiantes », soulignent l’OIP, le barreau et l’A3D. Ils évoluent dans « un climat de violence, de tension et d’insécurité », au milieu des rats et des cafards, sans respect des « règles d’hygiène et de sécurité sanitaire ». (...)