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Mediapart
Conseiller de Macron, le député Solère est suspecté d’avoir détourné 167 000 euros d’argent public
Article mis en ligne le 17 mars 2021
dernière modification le 16 mars 2021

L’enquête judiciaire qui vise le député Thierry Solère ne cesse de s’étoffer au fil des mois. Le parlementaire LREM des Hauts-de-Seine, qui vient d’être promu à l’Élysée, est déjà mis en examen pour sept délits présumés, dont ceux de « fraude fiscale » et de « trafic d’influence passif », dans une enquête ouverte par le parquet de Nanterre et confiée à des juges d’instruction. Alors que l’élu se défend et conteste la procédure, voici qu’un nouveau front judiciaire se profile dangereusement.

Selon des informations de Mediapart, le parquet de Nanterre a pris, le 14 décembre 2020, un réquisitoire supplétif pour demander aux juges d’instruction chargés de l’affaire d’élargir le périmètre de leurs investigations et d’enquêter sur des faits présumés de « détournement de fonds publics par personne dépositaire de l’autorité publique », un délit passible de dix ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million d’euros. (...)

La justice suspecte en effet Thierry Solère d’avoir pioché, à partir de sa première élection à l’Assemblée nationale en 2012, dans son indemnité mensuelle représentative de frais de mandats (IRFM) pour engager des dépenses personnelles sans lien avec son activité parlementaire. (...)

Le réquisitoire supplétif introduit par le parquet de Nanterre, dont l’AFP a révélé l’existence le 10 mars, s’inscrit dans le prolongement de trois années d’enquête du parquet national financier (PNF), qui avait été saisi de soupçons de détournements fin 2018, ainsi que l’avait révélé Mediapart à l’époque.

Cette première enquête faisait elle-même suite à un signalement, le 5 octobre 2018, de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), visant quinze parlementaires, dont Thierry Solère, ayant fait un usage potentiellement irrégulier de leurs indemnités de frais de mandat. (...)

Plusieurs élus du PS sont aussi dans le viseur de la justice, à commencer par l’ancien patron du parti Jean-Christophe Cambadelis, la sénatrice des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac, ou encore l’ex-députée du Tarn Linda Gourjade (lire dans le détail ici). (...)

Proche de l’ancien premier ministre Édouard Philippe et de l’actuel ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, le député Thierry Solère, dont le palmarès politique est marqué par la réussite de l’organisation de la primaire de la droite en 2016, a été nommé fin 2020 conseiller d’Emmanuel Macron à l’Élysée.

Obnubilé par l’idée de siphonner la droite dans la perspective de sa réélection, le président de la République ne s’est pas embarrassé de la confusion entre pouvoirs législatif et exécutif posée par cette nomination – le poste de Thierry Solère reste d’ailleurs « informel », sans publication au Journal officiel – en même temps qu’il a balayé les critiques formulées, y compris par son propre entourage, sur les risques de faire entrer à l’Élysée un élu multi-mis en examen.