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Contre la dissolution de « La Gale »
/Tribune collective
Article mis en ligne le 2 mai 2022

Le 11 mai prochain, le juge des référés doit examiner le cas du Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale), dissous le 30 mars en Conseil des ministres. Une centaine de personnalités, universitaires, artistes, avocats, député et sénateur apportent leur soutien au collectif : « que le recours intenté devant le conseil d’État aboutisse ou non, nous affirmons que les idées et les pratiques de l’antifascisme continueront d’exister et d’infuser dans la société, dans les esprits, dans la rue. Ces luttes sont légitimes et nécessaires. »

Le 30 mars dernier, Gabriel Attal, porte parole du gouvernement, annonçait la dissolution du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE). La GALE est le dernier groupe en date à faire les frais de cette procédure éminemment politique, décidée en Conseil des Ministres.

Ce qui est reproché aux membres de la GALE ? Dans les grandes lignes, de participer à des manifestations non déclarées, où « des slogans hostiles » aux forces de l’ordre sont « proférés », de s’opposer à la « violence et au racisme d’Etat » au moyen d’un « discours idéologique », de mettre en lumière et de dénoncer la violence de la police, de ne pas hésiter à s’opposer à des groupuscules néofascistes, de relayer des informations sur des luttes et surtout d’avoir une audience massive sur les réseaux sociaux.

À la lecture de ces motifs, il apparait clairement que l’État cherche à faire taire toute critique de son fonctionnement et de sa police.

Même si le calendrier choisi par le gouvernement ne laisse que peu de doute sur la dimension électoraliste de cette manœuvre réalisée dans le cadre d’une campagne présidentielle penchant résolument à l’extrême-droite, cette décision s’inscrit dans un mouvement plus large d’accélération des procédures de dissolution et d’élargissement du champs des associations concernées à l’œuvre depuis 2010.

Le quinquennat Macron a fait plus que confirmer cette tendance puisque 29 associations ont été dissoutes administrativement au cours de cette période, notamment plusieurs associations de lutte contre le racisme et l’islamophobie et contre la colonisation des territoires palestiniens par l’État d’Israël. (...)

Déjà, en janvier Gérald Darmanin avait commencé a étudier les possibilités légales de dissoudre le média Nantes Révoltée, épargné pour l’instant.

Le ministère de l’Intérieur renoue ici avec un usage historique de la dissolution, aux fins de museler des résistances à l’ordre établi (...)

Les mâchoires juridiques se complètent d’année en année pour attaquer ceux et celles qui se permettent encore de critiquer le gouvernement. La loi séparatisme est venue compléter un mille-feuille répressif déjà conséquent (...)

Alors que le mois dernier, un rugbyman argentin était abattu en plein Paris par d’anciens membres du GUD (ancien syndicat étudiant d’extrême droite) sur fond de racisme, et que les idées d’extrême droite, les idées racistes et néofascistes s’expriment de plus en plus massivement dans l’espace médiatique, nous disons que la dissolution d’un groupe antifasciste participe au renforcement de cette tendance nauséabonde.

C’est pourquoi, que le recours intenté devant le conseil d’État par les avocat.es de la GALE visant à annuler la mesure de dissolution aboutisse ou non, nous affirmons que les idées et les pratiques de l’antifascisme continueront d’exister et d’infuser dans la société, dans les esprits, dans la rue.

Ces luttes sont légitimes et nécessaires. Elles perdureront malgré l’arbitraire des décisions administratives et tous les gouvernements qui les attaqueront trouveront face à eux des gens déterminés à s’opposer au tournant autoritaire que l’on veut nous imposer et à défendre le droit à critiquer le gouvernement et ses politiques.