
La résistance contre la nouvelle loi qui accorde aux préfets le pouvoir d’ordonner des soins psychiatriques à domicile sans consentement, résistance à laquelle des professionnels du secteur appellent, est certainement nécessaire. Pour empêcher autant que faire se peut que ce cauchemar s’installe dans la réalité.
Mais depuis le 1er août ce texte impensable a été promulgué. Il est désormais dans la loi. On voudrait prévenir tout un chacun de prendre grand soin de normaliser ses comportements en toute situation de confrontation aux autorités (par exemple). Le flic pouvait vous coller en garde à vue de 24 heures extensible à 48 heures pour outrage ou « rébellion ». Désormais, il pourra vous infliger… 72 heures de garde à vue psychiatrique, au terme desquelles vous pouvez vous retrouver avec une ordonnance de neuroléptiques contre laquelle vous ne pourrez rien : si vous vous soustrayez au traitement, l’internement d’office est à la clef.
Mais ce sont les dits SDF qu’il faudrait alerter en premier : le rapporteur de la loi a bien précisé qu’un tel dispositif devrait s’appliquer à nombre de ceux qui sont à la rue, dont des études démontrent que la plupart ont des problèmes psychiatriques… Sûr que les rues seront plus calmes quand tous seront assommés par la chimie la plus lourde.
Au-delà du citoyen rebelle et du sdf, tous devraient s’inquiéter. Le député se croit à l’abri ? Le riche se suppose tranquille ? Le Président se pense intouchable ? Ils ont raison. Mais ils seraient vraiment fous de penser qu’ils le seront toujours.
Les pauvres, les marginaux, les dissidents, eux, sont aujourd’hui directement visés. C’est amusant à l’heure où il n’y pas d’autre choix que la dissidence… Mais, quels que soient ses objectifs immédiats de cette loi – aussi scandaleux soient-ils –, son introduction dans le code crée une insécurité pour tous aussi longtemps qu’elle sera en vigueur.
Une telle loi doit être abrogée, pour le bien public.(...) Wikio