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Contre le GCO, ils et elles poursuivent la grève de la faim
Article mis en ligne le 13 novembre 2018

Une « fausse » grève de la faim ? C’est à ces « rumeurs », selon les opposants au « grand contournement ouest » (GCO) de Strasbourg, qu’ont voulu répondre les six grévistes de la faim restants. Non-alimentées depuis 22 jours, deux dames ont perdu près de 15 % de leur poids.

Strasbourg (Bas-Rhin), reportage
Lundi 12 novembre, il restait six grévistes de la faim opposés au « grand contournement ouest » (GCO) de Strasbourg sur les dix qui avaient entrepris un jeûne de protestation 22 jours plus tôt. Alors que les travaux ont débuté, ils demandent un moratoire et une médiation sur le projet d’autoroute payante de 24 kilomètres, le temps d’examiner les alternatives du collectif GCO Non merci. Ils en appellent au président Emmanuel Macron.

À quelques mètres de l’hôtel du préfet de Strasbourg, cinq des grévistes se sont déshabillés pour montrer les effets sur leurs corps de l’absence de repas. Cinq et pas six ? Pierre Rosenszweig, 69 ans, était en train de rejoindre ses homologues en traversant à pied la place. Les regards étaient portés sur les grévistes maigrichons et dénudés. Et en se retournant, journalistes, militants et spectateurs ont découvert les uns après les autres qu’il était au sol, visiblement à bout de force. Très vite, les policiers postés derrière les barrières sont venus lui porter secours. Il a été emmené à l’hôpital de Hautepierre par les pompiers. Il est tombé et se serait fait mal au dos, rapporte une militante à ses côtés quelques secondes avant sa chute. (...)

Quant aux quatre qui ont arrêté leur grève, trois l’ont fait pour reprendre leur activité professionnelle, dont Marc Hoffsess, qui a travaillé dans les cabinets des dirigeants strasbourgeois jusqu’à 2014 et a écrit une lettre au président de la République. Le plus âgé d’entre eux, Jean-Jacques Pion (79 ans) s’est arrêté en suivant les conseils de son médecin.

Si les grévistes ont choisi de s’effeuiller, c’est surtout pour répondre à des « rumeurs », selon lesquelles ils rentreraient dîner chez eux. Les pouvoirs publics ont en effet un regard sur leurs activités puisque des agents des services de renseignements ont effectué des visites à l’Église protestante où ils sont basés et se reposent. (...)

Outre leurs corps dénudés, les grévistes ont présenté une attestation médicale signée par six médecins, qui relève que Rachel Kuhn a perdu 14,5 % de son poids (8 kilos), tandis que Christine Ludes a perdu 11 kilos (14,2 % de son poids).

« Ils sont très affaiblis et fatigués. Malgré tout, ils commencent leur quatrième semaine de jeûne avec motivation. Les derniers tests sanguins sont inquiétants pour une des femmes grévistes. Elle présente un taux de potassium dans le sang trop bas. Cela peut engendrer des problèmes cardiaques.Le plus grand risque pour les grévistes, c’est l’arrêt cardiaque, surtout pour les quelques personnes âgées de plus de 60 ans. » (...)

Lors de la venue d’Emmanuel Macron à Strasbourg, le 4 novembre dernier, seule une conseillère « territoire » a reçu des membres du collectif. Les grévistes ont décliné l’invitation, estimant que ce n’est pas l’interlocuteur qu’ils avaient demandé, appuyés par 200 élus locaux. Ils n’ont pas eu de retour depuis.

Ce lundi 12 novembre, la préfecture a indiqué sur Twitter que le préfet souhaite rencontrer les grévistes.

En voyant ce tweet, Maurice Wintz, vice-président d’Alsace Nature, se dit étonné que le préfet dise « réitérer » sa proposition puisque « on n’avait jamais eu de première proposition ». (...)

Sur le terrain, la mobilisation continue

Plusieurs déboisements ont été empêchés, notamment du côté de Vendenheim au nord, où quelques dizaines de citoyens s’opposent à tour de rôle à des déboisements. En l’absence de gardes mobiles, cela suffit à bloquer les machines. Lundi 12 novembre, c’est la coupe d’un alignement d’arbres entre Pfulgrisheim et Pfettisheim qui a été empêché. L’arrêté autorisant ces coupes avait été suspendu par le tribunal administratif, car signé à tort par le préfet. Mais le conseil départemental a rédigé un texte qui autorise à nouveau ces coupes et l’a publié samedi.

Du côté de la justice, le tribunal administratif de Strasbourg étudiera « sur le fond » le recours concernant les travaux préparatoires, en grande partie effectués. Il n’avait pas suspendu ces derniers en avril 2017. (...)