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Contre le « corporatisme enseignant », Libération refait son retard
Article mis en ligne le 15 février 2013

Dans le concert médiatique fustigeant l’incompréhensible grève des instituteurs parisiens du 22 janvier dernier, Libération était resté relativement en retrait, proposant un « décryptage » qui évoquait une réforme « passablement illisible » et « confuse », sans dire un mot de l’égoïsme des enseignants, et laissant Le Monde triompher en déplorant, dans un édito publié en « Une », leur « corporatisme étriqué » et « lamentable ». Sans doute un peu vexé de s’être laissé distancer, et démontrant les vertus d’une saine concurrence, Libération s’est rapidement repris et, dans son édition du lundi 11 février, veille d’une nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme des rythmes scolaires, sort l’artillerie lourde. Très lourde.

(...) Le Parisien se contentait de renvoyer tout le monde (journalistes mis à part) dos à dos : ministre, parents, enseignants, incapables de se mettre d’accord, comme « dans un mauvais divorce, où l’on s’étripe sur le dos des enfants ». Alors que pour Libération, la cause est désormais entendue : ce sont bien les « enseignants de primaire et maternelle » qui sont coupables de négliger l’intérêt de l’élève, en luttant « contre la semaine de quatre jours et demi ». Un « combat » d’autant plus « difficile à justifier », en effet, que comme nous l’avions déjà noté dans notre article précédent, les médias se préoccupent davantage d’expliquer pourquoi il est incompréhensible que d’informer sur ses motifs réels et les arguments qui le fondent. Pour ne prendre qu’un exemple, la « Une » de Libé contient une erreur factuelle grossière : les enseignants ne sont pas en grève « contre la semaine de quatre jours et demi », mais contre les conditions de la mise en place de cette réforme en 2013, et pour son report en 2014. Voici par exemple ce que disait le communiqué du Snuipp, syndicat majoritaire, le 8 février (...)

Mais cette « Une » inexacte, ou plus exactement mensongère, n’est qu’une mise en bouche. À l’intérieur, deux doubles pages, dont la première est un chef-d’œuvre. (...)

Après cette remarquable entrée en matière, la double page suivante apporte quelques nuances. Deux articles (« Des enseignants dans le doute » et « Des parents dans le flou ») qui, malgré leur forme de micro-trottoir à peine amélioré, donnent à entendre quelques critiques, quelques arguments, pour et contre : où l’on comprend qu’il pourrait y avoir un débat sérieux sur cette réforme, son contenu, les conséquences concrètes et pratiques de son application, les solutions alternatives, mais qu’il n’aura pas lieu dans Libération. La dernière page (moins une demi-page de pub) s’attarde sur – « décrypte » – les risques « politiques » de l’échec de cette réforme… pour le ministre.

Et, en terminant le « dossier », on en vient à se dire que le titre de « Une » n’était finalement pas si mal choisi que ça : « Et les élèves dans tout ça ? »