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Les blogs de rue89
Corruption à Venise : « Nous n’avons plus la force de nous énerver »
Article mis en ligne le 6 juin 2014

Il a plu des milliards sur Venise. Mais c’est son maire qui a tout empoché. Enfin presque. Giorgio Orsoni, élu de gauche italien (PD) et maire de Venise, a été arrêté ce mercredi dans le cadre de l’affaire « Mose », du nom de la superdigue destinée à protéger la Sérénissime de l’ « acqua alta » (période d’inondation de Venise).

Les faits sont simples : une grande entreprise, pour obtenir la charge des travaux, refile de l’argent aux politiques lui accordant les permis. Les factures sont gonflées, les hauts fonctionnaires chargés de contrôler ferment les yeux, chacun empoche.

En chiffres, ça fait 100 personnes poursuivies, 35 personnes interpellées, 20 millions de pots-de-vin, des travaux estimés à 1,5 milliard d’euros finalement facturés 6 milliards, corruption oblige. Des élus de droite comme de gauche sont soupçonnés d’avoir trempé dans l’affaire. Elle n’est pas très jolie parfois la Péninsule. Je ne m’y fais toujours pas.

« Ce que est bien chez vous les Français », me disait un Italien il y a peu, « c’est encore votre capacité à vous énerver. En Italie, on n’a même plus la force. »

Jeudi soir, j’écoutais mes amis parler. Pas un n’a évoqué l’affaire Mose. « C’est scandaleux mais c’est comme ça », m’a soufflé l’un d’entre eux. Même les réseaux sociaux sont restés presque muets, triste écho aux drôles de mots du juge Di Pietro, magistrat clé de la grande affaire Mains propres, invité de la chaîne La7 :

« Je suis dévasté. » (Même s’il avoue rester optimiste.)

« Bah »...

Ils volent tous, ensemble, toujours (...)

Pour la énième fois en quatre ans de suivi de la politique italienne, j’ai vu la question de l’éthique politique remise sur la table. Pour la énième fois, ce sont des débats à n’en plus finir, ce sont des mea culpa et des constats qui en deviennent grotesques, à force de régularité. Car l’affaire Mose a comme récent précédent l’Expo 2015, où une série de dirigeants viennent d’être arrêtés, là aussi pour corruption.

Ce sont des questions qui restent sans réponse : comment expliquer l’absence d’une loi condamnant le conflit d’intérêt ? Comment expliquer, vingt ans après Tangentopoli, que les mêmes entreprises raflent encore des marchés publics ?
(...)