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Rapports de force
Coup fourré préfectoral : la manifestation contre l’extrême droite à Lyon interdite
Article mis en ligne le 4 avril 2021

La manifestation contre les violences de l’extrême droite qui devait avoir lieu ce samedi 3 avril à Lyon a été interdite par arrêté préfectoral. Or, les raisons de cette interdiction sont des plus obscures : on reproche aux organisateurs des faits qui ne sont pas les leurs ainsi qu’un parcours qu’ils avaient accepté de modifier.

La préfecture du Rhône a publié le 1er avril une interdiction de manifester dans une zone élargie à Lyon. Elle vise le rassemblement contre les violences de l’extrême droite organisée à l’initiative de l’Union Communiste Libertaire, dont la librairie a été attaquée le 19 mars par une cinquantaine de membres de l’extrême droite radicale.

Dans un communiqué de presse, la préfecture estime que « compte tenu du contexte sanitaire et de la tension qui règne entre groupuscules d’ultra gauche et d’ultra droite cette manifestation présente des risques de troubles graves et avérés à l’ordre public ».

Une manifestation violente par nature ?

Un arrêté d’interdiction de manifester entend préciser les raisons de cette décision en décrivant le contexte dans lequel, selon la préfecture, cet évènement prend place. Or en guise de contexte, l’arrêté détaille, en non moins de 25 paragraphes, toutes les dégradations ayant eu lieu lors de diverses manifestations lyonnaises depuis la manifestation Black Lives Matter du 6 juin 2020. Il fait même référence aux manifestations des gilets jaunes qui, depuis le 17 novembre 2018, « se sont déroulées presque chaque samedi, au moyen d’appels sur les réseaux sociaux dans le centre-ville de Lyon ». « Des évènements qui n’ont aucun lien avec notre manifestation », rappelle un des organisateurs.

Plus étonnant encore, la préfecture considère que l’attaque de la librairie est un élément de contexte permettant d’interdire cette manifestation. « On nous interdit une manifestation contre les violences d’extrême droite sous prétexte que l’extrême droite est violente », regrette un des organisateurs. (...)

La préfecture était d’ailleurs plutôt pressée de faire signer le PV de notification annonçant l’interdiction de la manifestation à ses organisateurs : l’un d’entre eux a reçu la visite de la police chez lui à 23 h. La temporalité de l’interdiction préfectorale (deux jours seulement avant la manifestation) ne doit rien au hasard : la contester au tribunal administratif dans un temps si court reste une gageure pour les organisateurs. Ils indiquent cependant qu’ils feront cette démarche.

Décision de L’Union Communiste Libertaire par rapport à la manifestation du samedi 3 avril

Dans un premier temps, nous souhaitons remercier toutes les personnes/associations/collectifs/syndicats/organisations politiques qui nous soutiennent depuis l’attaque du 20 mars et qui continuent à le faire depuis l’interdiction de la manifestation par la Préfecture.

Nous avons tenté, malgré le délai très court laissé par la Préfecture, de déposer un référé-liberté pour contrer leur décision et leurs 2 arrêtés pris le jeudi 1er avril.

Ce sera chose faite en fin de journée mais nous n’aurons très certainement pas la réponse avant demain après-midi et le départ de la manifestation ; la Préfecture ayant évidement tout mis en place pour ne laisser aucune place à la contestation en temps et en heures.
Elle suit ainsi la politique actuelle de l’État qui fait feu de tout bois pour faire taire les militant·e·s antifascistes et antiracistes.

Nous avons longuement réfléchi aux possibilités restantes :

  • Maintenir un évènement de rue local mais sans tous nos soutiens hors Lyon et sans toutes les personnes ne souhaitant ou ne pouvant pas participer à un évènement interdit.
  • Reporter à une prochaine fois une mobilisation d’ampleur nationale en s’armant juridiquement pour riposter plus rapidement en cas de problème.

Notre antifascisme est un antifascisme large et populaire, porté au quotidien par tou.tes ceux et celles qui tous les jours par leur action ou leur militantisme font reculer la haine fasciste. Malgré la colère qui nous anime depuis l’attaque et ne cesse de se renforcer depuis les manipulations de la Préfecture, nous ne souhaitons pas réduire cette manifestation au seul milieu militant.

Cette manifestation, reprendre la rue, c’est l’affaire de toutes et tous.
Nous respectons la diversité des tactiques et moyens d’action face à l’extrême droite : à nos yeux, tous contribuent à la faire reculer. Néanmoins, face à la répression policière massive qui se prépare suite à l’interdiction du Préfet, nous ne serions pas en mesure d’assurer la sécurité des manifestant.es qui répondraient à l’appel de la manifestation non déclarée.

C’est pourquoi nous n’appelons pas au maintien de la manifestation samedi 3 avril à la Manufacture des Tabacs.

Nous savons que ce choix est critiquable et ne répondra pas aux attentes de toutes et tous. Néanmoins, au vue la montée en puissance de la violence des fascistes, comme de celle de la police d’ailleurs, nous faisons le douloureux choix du report.
Nous vous donnerons rendez vous très vite pour que cette manifestation se tienne.

Nous communiquerons également plus longuement en 2 temps sur les évènements de ces 15 derniers jours :

avec le collectif fermons les locaux fascistes lors d’une conférence de presse samedi 3 avril à 14h devant l’Opéra (Hôtel de Ville) ;

  • en tant qu’UCL Lyon sur les réseaux sociaux dans les jours qui viennent ;
  • sur les suites judiciaires du référé déposé contre l’interdiction du préfet.
  • Sachez que ces deux dernière semaines ont été épuisantes mais que nous continuerons inlassablement à lutter contre l’extrême-droite et tous les systèmes de domination/oppression.

À très vite dans les luttes. À très vite dans la rue.