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Covid-19 : le monde ne peut plus attendre l’OMC pour un accès universel aux vaccins ; Communiqué de presse – 27 novembre 2021
/Mérome Jardin, Observatoire de la Transparence dans les Politiques du Médicament
Article mis en ligne le 28 novembre 2021
dernière modification le 27 novembre 2021

La menace d’un nouveau variant et la cinquième vague en Europe ont conduit l’Organisation Mondiale du Commerce à repousser une réunion essentielle où devait se décider une mesure nécessaire à l’accès universel aux vaccins. Quand cette mesure sera-t-elle enfin prise ?

La menace d’un nouveau variant et la cinquième vague en Europe ont conduit l’Organisation Mondiale du Commerce à repousser une réunion essentielle où devait se décider une mesure nécessaire à l’accès universel aux vaccins. Quand cette mesure sera-t-elle enfin prise ?

Le 26 novembre, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié de « préoccupant » le variant B.1.1.529, dit « Omicron », identifié pour la première fois par les scientifiques sud-africains sur un échantillon collecté le 9 novembre. Les données actuellement disponibles suggèrent notamment un risque accru de réinfection. On recense déjà des cas au Royaume-Uni, en Israël, en Belgique, à Hong-Kong, au Bostwana.

Les inégalités vaccinales favorisent la circulation du virus Sars-Cov-2 et renforcent le risque d’émergence de variants plus dangereux. Aujourd’hui, à peine 54 % de la population mondiale a reçu une première dose de vaccin contre le COVID-19. Dans les pays à bas revenus, ce taux est estimé à 5,7 %. En empêchant depuis plus d’un an les pays du sud de produire des vaccins, en bloquant à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) la demande de lever les barrières de propriété intellectuelle sur toutes les technologies contre le COVID-19, la Commission européenne et les dirigeants des pays de l’UE laissent le virus circuler, favorisent les mutations et l’émergence de variants potentiellement plus dangereux, y compris pour les populations des pays les plus vaccinées.

En mai dernier, nous écrivions dans une tribune au Monde défendant la levée des barrières de propriété intellectuelle : « Une pandémie suppose une réponse globale, coordonnée, sous peine de favoriser la circulation de variants qui pourraient devenir résistants aux vaccins, prolongeant sans cesse la pandémie, y compris dans les Etats qui y ont eu accès. » Partout, dans le monde, depuis un an, chercheurs, scientifiques, médecins, militants alertent sur le risque que le blocage de la production dans les pays du sud fait courir à toute la planète.

Le variant Omicron est donc une preuve supplémentaire de la nécessité vitale et de l’urgence de lever des barrières de propriété intellectuelle. En amont de la douzième conférence ministérielle de l’OMC qui, à partir du 30 novembre, devait examiner à nouveau cette mesure, le président des États-Unis a d’ailleurs appelé hier les États membres à soutenir la levée des brevets sur les vaccins comme il l’avait déjà fait en mai dernier. Une mobilisation internationale appuie cette demande depuis plus d’un an. Mais la cinquième vague et la menace potentielle du variant Omicron ont amené à repousser la conférence ministérielle de l’OMC, donc l’adoption d’une mesure essentielle pour améliorer la situation. Cette décision de reporter une réunion décisive pour sortir de la crise pose question alors que de nombreux événements internationaux sont organisés par ailleurs.

Ainsi, l’obstruction des derniers mois de la Commission européenne à l’accès universel aux vaccins conduit à une menace sanitaire qui donne une bonne raison aux États membres de l’OMC de reporter les discussions sur les bonnes mesures pour sortir de la pandémie. La responsabilité de la Commission européenne et des dirigeants de l’UE, Emmanuel Macron en tête, est écrasante. Il est temps que nos responsables en finissent avec le dogmatisme et l’obscurantisme, et adoptent enfin les mesures de bon sens et éthiques que la situation impose : lever au plus vite toutes les barrières de propriété intellectuelle, assurer un transfert de technologies, soutenir la production de vaccins dans les pays du sud.

Ces dirigeants doivent dès maintenant s’organiser pour que cette mesure soit adoptée dans les plus brefs délais.