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Greek Crisis
D’une guerre à l’autre
Article mis en ligne le 19 février 2018

Ce Printemps grec prochain peut s’avérer fort mouvementé. L’affaiblissement du pays, son affaissement multiple, moral, social, économique et culturel, conduisant tout droit... vers la menace de sa diminution territoriale par la guerre, telle est l’idée la plus rependue en ce moment et pour cause. L’inquiétude du “petit peuple” est grande. Sa colère l’est aussi. Encore faut-il sans cesse revisiter le sens et la portée de cette rage, et autant impotence généralisées, devant le déferlement des événements internes comme externes au pays. Nouvelle Antiquité... tardive.

Le “gouvernement” avait comme on sait préparé (avec l’aval des États-Unis ?) le scandale dit “Novartis” (mettant en cause les politiciens Nouvelle Démocratie et PASOK), pour le faire éclater très exactement au lendemain du grand rassemblement populaire d’Athènes début février, le tout, dans un imbroglio de vraies comme de fausses nouvelles, d’après son (seul) calendrier politicien. Il est bien loin le temps de la protestation souriante des premières années troïkannes, comme il est bien loin le temps où par exemple, Éric Toussaint et son réseau international du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, étaient reçus à Athènes en héros par les cercles Syrizistes d’Athènes.

La marionnette Tsipras s’accroche à son pseudopouvoir et finalement à son gagne-pain quotidien, sauf que de nombreux signaux clignotent ici ou là, pour indiquer que son progiciel arriverait bientôt à terme. Le rôle tragique (et obscur) pour lequel il aurait été préparé par les élites mondialisatrices, au demeurant, plusieurs années avant l’arrivée au pouvoir de SYRIZA, semble ainsi s’accomplir entre 2015 et 2019. Nous y sommes. D’où d’ailleurs cette précipitation dans le calendrier, à la fois mémorandaire (en interne) et géopolitique (en externe).

L’inquiétude du “petit peuple” ne pet être que grande, devant cette historicité fort finissante ainsi déployée, d’autant plus que les incidents entre les forces armées grecques et turques se multiplient en Mer Égée, et que la rhétorique des dirigeants de la Turquie fait part désormais très ouvertement de sa non-reconnaissance des frontières entre les deux pays.

Déjà, la dite “crise de la dette”, n’est qu’une forme de guerre d’anéantissement faite contre les sociétés, les peuples, les pays, les économies réelles (et l’euro incarne de la sorte le rôle d’une arme à destruction massive au profit d’un seul pays l’Allemagne), tout cela, je l’avais signalé dès 2011 sur ce... triste blog. Donc et en quelque sorte... ce ne serait logiquement que d’une guerre à l’autre.

L’incident le plus grave s’est produit le 12 février, lorsqu’un navire de guerre turc (long de 90 mètres) a volontairement heurté un patrouilleur de la Garde-côte grecque (long de 58 mètres) près de l’îlot d’Imia (Mer Égée orientale) . Cet îlot, tout comme, tant d’autres îles grecques de la Mer Égée, est ouvertement et très officiellement revendiqué par la Turquie. (...)

Ces pratiques pirates de la Turquie actuelle (pour tout dire, pratiques des dirigeants de ce pays), ne passent pas inaperçues, y compris par la presse internationale. Et d’après ce que les médias grecs rapportent de l’incident du 12 février lequel fait suite à bien d’autres (presse grecque) , le navire de guerre turc fonçait intentionnellement sur le milieu de la coque (en aluminium) du bateau grec dans le but de le couler ou sinon, de provoquer victimes et dégâts matériels (donc un acte de guerre), et ce n’est que parce le commandant grec s’est aperçu des intentions précises du commandant turc et il a ainsi pu réagir littéralement à la dernière seconde, que le navire grec n’a été finalement heurté qu’à sa poupe. (...)

Les dirigeants politiques et militaires de la Turquie du moment avaient d’ailleurs (et) au préalable suffisamment communiqué via la presse, au sujet de la (supposée) “capacité des forces armées turques à mener simultanément la guerre sur deux fronts, à savoir la Syrie et la Grèce en mer Égée” (8/9 février 2018). Au même moment ces derniers jours, près d’Évros, fleuve qui marque les frontières terrestres entre les deux pays depuis le Traité de Lausanne, l’Armée turque y a dépêché ses blindés, en exercices officiellement baptisés “entrainement à l’invasion et occupation d’un territoire étranger” (presse grecque du 16 février 2018). (...)

“Le géant italien de l’énergie ENI a indiqué à l’agence de presse chypriote qu’un de ses bateaux avait reçu l’ordre vendredi par des navires turcs de s’arrêter en raison ’d’activités militaires’ dans ce secteur.” (RFI, le 12 février).

La situation n’est donc pas à prendre à la légère, et aux frontières de la Grèce... il n’y a ni la Belgique, ni le Danemark. Comme le fait remarquer sur son blog l’analyste en géopolitique Dimitris Konstantakópoulos, “les États-Unis sont à présent représentées en Grèce par l’ambassadeur Geoffrey Pyatt, mondialement connu pour son mandat précédent à Kiev. Durant son mandat, les événements en Ukraine ont été les suivants : une révolte, un coup d’État, une guerre civile, un avion civil abattu, ainsi que la plus grande crise des trente dernières années dans les relations russo-occidentales.” (...)

“Erdogan, Tillerson et Pyatt mettront tout sur le tapis pour déterminer ce qu’ils donneront de la Grèce et de Chypre à la Turquie afin que le Sultan (Erdogan) puisse donner son accord, ce qui d’ailleurs n’est pas certain. Dans l’éventualité d’un accord entre la Turquie, l’Occident et Israël, nous ici, nous paierons une partie de la facture, et à défaut d’accord, il ne peut pas être exclu qu’une... belle guerre gréco-turque puisse par la suite être organisée.” (Dimitris Konstantakópoulos, “Grèce : tout droit vers le précipice”, 15 février 2018). (...)

L’expérience grecque ainsi que l’analyse qui est celle de ce blog depuis ses débuts (2011), c’est que l’austérité (euphémisme en toute évidence qui cache une réalité beaucoup plus apocalyptique), la prise du contrôle total des finances du pays (et des pays), des institutions, des mentalités (mécanique sociale), l’annulation (dans les faits) de la Constitution, la marionnettisation surpassant le ridicule de la classe politique (en réalité apolitique), la fin des droits sociaux, ce n’est qu’une palier dans cette guerre asymétrique que les pays, nations et sociétés subissent... au risque de disparaître même entièrement... en succombant, à défaut de résister.

Et lorsque cette mainmise sur les ressources, sur les cultures, sur les populations, sur les mentalités atteint le niveau visé (par certains pays supposés grands et pas la dite élite mondialisatrice pour qui les petits gens ne sont que “de la vermine”, c’est bien connu), eh bien, il ne restera que le chaos provoqué comme provoquant. Plus évidemment la guerre tout court... faite par d’autres moyens. (...)

Il n’y aura pas de retour ne arrière dans ce processus qui est le nôtre actuellement, et nous irons très probablement jusqu’au bout. Les Grecs n’ont même plus d’illusions quant à l’état du monde, quant au simulacre de la démocratie, ou quant aux enjeux géopolitiques dans cette région du monde. Tsipras et les siens sont désormais haïs (et non seulement politiquement rejetés) par plus du 70% de la population. La situation à Athènes... étant sans cesse observée, les Ambassades à Athènes devraient autant le savoir.

Enfin, ce que les Grecs savent (si ce n’est que par intuition), ce que Tsipras (visiblement davantage que Samaras), après avoir paraphé tant de mémoranda coloniaux, il aurait en même temps, donné son accord à un agenda géopolitique dissimulé, au détriment des intérêts, voire, de l’intégrité territoriale du pays. (...)

Antiquité tardive (finale ?) dans un sens. Époque alors charnière, suffisamment perceptible par exemple depuis Athènes... mais pas vraiment à Paris nous semble-t-il. Où en sommes-nous ? (la question est autant celle si nettement formulée par Emmanuel Todd). (...)