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solidarités International
Daesh : Dans la gueule du loup ?
Article mis en ligne le 16 octobre 2014

James Foley, David Haines, et il y a quelques jours Hervé Gourdel… Les assassinats d’occidentaux perpétrés par Daesh se multiplient. Malgré la menace qui pèse sur les travailleurs humanitaires, pour Jean-Yves Troy, directeur général de SOLDARITÉS INTERNATIONAL, partir de cette région, abandonner les plus fragiles n’est pas une option.

"Mais pourquoi vous allez vous fourrer dans la gueule du loup ?". C’est ce que l’on m’a récemment renvoyé après l’assassinat de David Haines, humanitaire britannique travaillant pour une ONG française, assassiné le 14 septembre 2014 en Syrie.

Parfois je me pose la question, le temps de quelques secondes. Puis elle est vite évacuée. Tout simplement parce qu’elle touche à notre raison d’être. A ce qui, chaque jour, nous anime : venir en aide aux plus fragiles, aux plus vulnérables, aux plus démunis face aux conséquences dramatiques d’un conflit. Secourir à la mesure des souffrances, en priorité aux détresses les plus urgentes, sans distinction de race, de nationalité, de religion, de condition sociale ou d’affiliation politique. Faire savoir et continuer à prouver qu’il existe bel et bien une aide désintéressé déconnectée des calendriers politique, économique ou judicaire. Ces principes fondamentaux qui régissent l’humanitaire depuis la création de la Croix-Rouge doivent continuer à vivre. Parce qu’ils sont aussi un pilier du "vivre ensemble" de la constitution d’un Etat, d’une société. (...)

Intégrer cette menace

En tant qu’organisation d’aide humanitaire dans des situations d’urgence, oui nous sommes proches de la gueule du loup. Les humanitaires, comme les journalistes, sont les plus ciblés, parce qu’ils continuent de parcourir ces zones et d’être au contact de ceux qui n’ont d’autre choix que de subir. Nos objectifs sont différents : témoigner d’un côté, aider de l’autre, mais ils sont complémentaires. Alors quand nous sommes parmi les derniers sur ces terrains les menaces peuvent se faire plus fortes. Et quand la France entre en guerre en Irak, une menace s’ajoute alors à celles déjà identifiées.

Hervé Gourdel, randonneur, a été assassiné en Algérie 10 jours après David Haines. Il a été assassiné parce qu’il était français. Cette nouvelle donnée dans notre analyse ne doit à aucun moment nous faire céder à la panique. Nous devons intégrer cette menace dans nos façons de faire, dans notre discours, dans nos actions au quotidien, avec pour seul objectif de continuer à rester opérationnels auprès des populations les plus vulnérables (...)

C’est la juste balance entre le bénéfice que nous apportons et le risque pris par nos équipes nationales et internationales que nous devons évaluer au quotidien. Un autre danger serait de traiter cette question en baissant notre exposition : c’est simple, il suffit de déserter ces zones. Pas d’actions, pas de présence, pas de risques.

Si nous cédons à la panique, des zones de non droit vont continuer à se développer, entraînant les populations dans une descente aux enfers sans témoins. (...)

ne pas tomber dans cette autre gueule du loup, tout aussi menaçante : l’inaction, qui n’a pour le coup plus rien d’humanitaire.