
"L’enfant, par nature, a envie d’apprendre et de réussir. Il a soif de découverte, c’est une sorte de valeur universelle. Son travail, c’est de devenir adulte et il le fait par imitation et par absorption de son environnement. C’est pourquoi nos méthodes s’appuient beaucoup sur l’autonomie, la responsabilisation, l’auto-correction."
Géraldine, racontez-nous la genèse de cette école. D’où vous est venue cette envie de monter un tel projet ?
Plusieurs facteurs ont joué un rôle déterminant. D’abord, de par mon métier de sophrologue, j’ai réalisé que beaucoup des souffrances à l’âge adulte trouvaient leurs causes dans l’enfance, parfois dans l’échec scolaire. Le manque de confiance, la mauvaise estime de soi sont souvent nourris pendant les jeunes premières années. L’enfance est donc un moment essentiel dans le développement de chaque être humain, au cours duquel tellement de choses peuvent aussi bien être construites que détruites.
Ensuite, je crois que je mûris ce projet depuis que mes propres enfants sont à l’école. Je me souviens m’être fait cette réflexion qu’il était quand même étrange d’avoir un seul modèle pour tellement d’enfants différents… Et puis, un jour, on a diagnostiqué une dyslexie pour l’un de mes garçons. Cela a posé de manière encore plus fondamentale la question de l’accompagnement pédagogique. Car à l’école classique, cela devenait très difficile. Mon fils a eu la chance d’avoir des enseignants très à l’écoute avec qui nous avons pu essayé d’autres méthodes et j’ai constaté qu’en faisant autrement, ça pouvait marcher. Il a retrouvé de la joie de vivre, a repris confiance et s’est remis dans une dynamique d’éveil.
À ce moment-là, mon envie de créer une école était plus grande que jamais ; il a suffi ensuite d’une courte discussion avec Pierre Rabhi pour que je prenne la décision. (...)
Le projet pédagogique est basé sur trois axes.
- Le premier, c’est de respecter les différences et notamment les rythmes d’apprentissage individuels. Nous voulons permettre à chaque enfant de découvrir son propre potentiel en valorisant les "intelligences multiples".
- Le deuxième, c’est de travailler le "vivre-ensemble". Nous allons développer la coopération, à partir des pédagogies coopératives, de la communication non-violente ou des outils de gestion de conflit par exemple. Il est aussi prévu un module de formation pour les familles, pour que cela crée un cadre cohérent autour de l’enfant. (...)
- Enfin, le troisième pilier de notre modèle pédagogique, c’est ce qu’on appelle "l’École hors-les-murs". Il s’agit de réinsérer l’enfant dans son environnement au sens large, c’est-à-dire la vie du village, le voisinage, la nature, la vie quotidienne, etc. (...) Il est important de préciser ici que les enfants auront acquis à la fin de leur parcours les mêmes connaissances que celles proposées par les programmes classiques. Ils auront tout fait, ils l’auront juste fait différemment et dans l’ordre qui leur aura convenu. (...)
La Marelle est une "école plurielle", dans la mesure où l’on y mêle différents courants pédagogiques. La pédagogie est un univers passionnant, avec de nombreux concepts qui existent, chacun présentant sa part d’intérêt au regard des valeurs citées tout à l’heure (les différences individuelles, la coopération et le lien à l’environnement au sens large).
Nous avons décidé de ne pas choisir une méthode à l’exclusion des autres (Montessori, Freinet, Steiner, etc). La méthode Montessori est très présente dans la classe, mais nous emprunterons au fil du temps à tous les courants les outils qui nous permettront de développer les trois axes du projet.
D’après nous, le principe cardinal réside dans le positionnement de l’adulte vis-à-vis de l’enfant et dans le regard porté à chaque élève. Apprendre ensemble et vivre ensemble, cela n’est possible que si l’on est en paix et en confiance avec soi-même et avec le monde dans lequel on vit.