
le Washington Post rapporte les propos de la Secrétaire d’État américaine au commerce Gina Raimondo.
Lors d’une audition devant le Sénat, Raimondo a ainsi déclaré que le premier ministre ukrainien, qu’elle a récemment rencontré, lui avait expliqué que des composants électroniques initialement destinés à des machines domestiques comme des lave-vaisselle ou des réfrigérateurs avaient été découverts dans les entrailles de chars russes tombés au combat.
Au-delà de l’aspect vaguement cocasse de la seconde armée du monde, qui paradait fièrement à Moscou le 9 mai mais qui doit croiser ses blindés avec les engins ménagers qu’elle pille par ailleurs en masse dans les territoires conquis, le rapport de Gina Raimondo est intéressant à plus d’un titre.
Il montre en particulier que les sanctions occidentales les plus efficaces contre la machine de guerre russe ne sont peut-être pas, ou pas encore, celles d’ordre purement économique. (...)
une chose que la Russie ne peut compenser, pas même auprès de nations comme la Chine, elle-même plutôt très en retard en la matière. L’occident était, avant la guerre, le principal fournisseur en composants électroniques destinés au complexe militaro-industriel russe et, malgré quelques mauvaises surprises, les robinets ont semble-t-il été efficacement coupés.
« Notre approche a été de couper l’accès russe à la technologie, une manière de limiter leur capacité à poursuivre leurs opérations militaires, a expliqué la secrétaire d’États aux élus américains. Et c’est exactement ce que nous sommes en train de faire. »
Selon l’un de ses collègues, le volume d’exportations de ces équipements bannis en provenance des États-Unis et en direction de la Russie (semi-conducteurs, équipements de télécommunications, lasers, matériel aéronautique ou maritime) a baissé de 85%, tandis que leur valeur a augmenté de 97% par rapport à la même période en 2021.
Des dizaines d’autres pays, notamment l’Union européenne ou le Japon, ont adopté des mesures similaires. Les composants spécifiques aux équipements militaires sont concernés, mais les mesures occidentales s’appliquent également à ceux pouvant être doublement utilisés, dans des armes comme des produits domestiques. (...)
La Maison Blanche expliquait également que la grande émigration de travailleurs hautement qualifiés provoquée par la guerre de Vladimir Poutine allait grandement compliquer les choses pour les industries technologiques russes –y compris militaires.
Les décorticages de drones russes de reconnaissance Orlan, tombés en nombre sous le feu ukrainien et bourrés de composants étrangers, avaient déjà révélé la grande dépendance de Moscou envers les technologies extérieures. Même chose pour les missiles de croisière ou les bombes à guidage dit « intelligent », que le pays utilise en masse contre l’Ukraine et dont elle semble commencer à manquer.
Si son économie résiste encore peu ou prou et de manière sans doute transitoire aux sanctions occidentales, ses armées pourraient quant à elles rapidement manquer des moyens nécessaires à la complétion de leurs objectifs, quels qu’ils soient.
De leur côté, les livraisons d’armes à l’Ukraine par l’occident vont bon train et devraient s’accélérer grâce à la signature d’une loi dite « prêt-bail » par Joe Biden. (...)