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Rue 89
David Grossman contre le projet « mégalo » d’une guerre contre l’Iran
Article mis en ligne le 5 août 2012
dernière modification le 8 février 2016

L’écrivain israélien David Grossman, militant de la paix, signe une longue tribune dans le journal Haaretz ce vendredi. L’auteur du magnifique roman « Une femme fuyant l’annonce », qui a perdu un fils en 2006 dans la guerre contre le Liban, s’en prend à « l’aveuglement et l’euphorie belliciste » des dirigeants de son pays.

Il en appelle aux responsables militaires et à l’ensemble de ses compatriotes pour qu’ils s’opposent clairement à une guerre contre l’Iran, envisagée par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

S’il affirme « ne pas avoir pris la décision » d’attaquer l’Iran, Benjamin Netanyahou a récemment réaffirmé le « droit d’Israël à se défendre contre toute menace pesant sur sa sécurité et son existence ». (...)

David Grossman dénonce « la vision du monde extrême, rigide et inflexible » du Premier ministre :

« Même les nombreux Israéliens qui refusent de voir leur pays attaquer l’Iran – rejoignant certains responsables militaires – se retrouvent prisonniers, de la manière la plus dramatique qui soit, des considérations hérmétiques du Premier ministre. [...]

Les Israéliens savent malheureusement d’expérience que leurs dirigeants ne sont pas à l’abri de graves erreurs, et que, comme n’importe qui – et peut-être davantage – ils sont sujets à l’aveuglement et à l’euphorie belliciste. »

L’écrivain demande aux leaders politiques et militaires israéliens de remettre en question leurs certitudes qui les conduisent à n’envisager qu’une seule voie : « bombarder ou être bombardé », « attaquer ou être attaqué » : (...)

S’adressant aux officiels de l’armée, David Grossman les enjoint de réagir « maintenant, quand c’est encore possible, pour dire : nous ne cautionnerons pas ce projet mégalomane, cette vision du monde messianique et funeste ».

Sa tribune ne ménage pas non plus ses compatriotes, les Israéliens ordinaires :

« Pourquoi ne descendons-nous pas dans la rue pour manifester contre l’hypothèse d’une nouvelle guerre à notre initiative ? Pourquoi n’installons-nous pas une seule tente devant la résidence du Premier ministre, pour protester symboliquement contre le désastre potentiel qui arrive ?

Comme l’a dit le poète Bialik dans d’autres circonstances, nous paierons le prix de notre splendeur de notre sang et de notre moëlle. » (...)

Dans une démarche voisine de celle de David Grossman, le journaliste du New York Times Thomas L. Friedman signe un éditorial remarquable dans l’édition de ce jeudi.

Evoquant la visite de Mitt Romney, candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, à Jérusalem, il appelle tous les politiciens américains à « arrêter d’entretenir ce conflit à des fins politiques ».

« Cessez d’instrumentaliser ce conflit pour en faire l’arrière-plan de photos de campagne et de collectes de fonds. Cessez d’envenimer la situation en disant aux Israéliens les plus radicaux tout ce qu’ils veulent entendre, de ramper pour engranger des votes juifs et de l’argent, en ignorant ouvertement l’autre bord.

De vraies vies sont en jeu là-bas. Si vous n’avez rien de constructif à proposer, restez à distance. Ils arrivent à se créer assez de problèmes par eux-mêmes. »

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