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De l’auto-défense sanitaire dans l’éducation
Théo Roumier, syndicaliste SUD éducation en Lycée professionnel, le 9 novembre 2020
Article mis en ligne le 9 novembre 2020

La reprise des cours le lundi 2 novembre s’est faite dans l’inquiétude, la colère, l’exaspération. Spontanément, des personnels se sont mobilisés, ont débattu, échangé dans une horizontalité démocratique s’opposant à la verticalité et l’arbitraire d’un pouvoir ministériel méprisant autant que dangereux et irresponsable. La grève du 10 novembre en est la conséquence.

Ce lundi 2 novembre devait être dédié à échanger, se recueillir et organiser l’hommage à notre collègue Samuel Paty. La décision du ministère Blanquer, un vendredi soir, de bouleverser ce temps nécessaire a été vécu comme une marque de mépris institutionnel par de très nombreux personnels de l’Éducation nationale. Encore aujourd’hui, les personnels sont en attente de ce temps d’échange.

Dans un contexte de reprise épidémique grave, les conditions sanitaires du retour dans les écoles et établissements décidées par le ministère ont été stupéfiantes par leur insuffisance et ont déclenché l’inquiétude, l’exaspération et la colère de celles et ceux qui font vivre concrètement et au quotidien le service public d’éducation.

À part ouvrir les fenêtres, rien ne distinguait la matinée du lundi 2 novembre de la veille des congés de Toussaint. Les annonces de désinfection renforcée butaient sur l’absence de recrutement. La limitation du brassage des élèves se fracassait sur l’absence de réduction des effectifs de classe et d’établissement.

Exigence démocratique

Dès le lundi 2 novembre les personnels se mobilisaient, principalement dans le second degré : assemblées générales, réunions d’information syndicale imposées hors délai de rigueur, débrayages, grèves… Des lycéennes et lycéens bloquaient leurs établissements et étaient violemment réprimé·es par la police. (...)

Irresponsabilité encore quand le 5 novembre, le ministre annonce un aménagement de protocole ne comprenant que les seuls lycées, excluant les écoles et les collèges, et dont la soi-disant règle du « 50 % » se fait sans garanties ni moyens. D’où l’appel généralisé à la grève le 10 novembre.

C’est bien leur auto-défense sanitaire qu’exercent aujourd’hui les personnels du secteur de l’éducation (qu’il s’agisse des enseignant·es comme des personnels de vie scolaire, d’entretien et de service, de santé…). Et cela s’est traduit par des contre-protocoles sanitaires élaborés collectivement où revenait la nécessité de limiter les effectifs présents afin que les écoles et les établissements ne se transforment pas en clusters à répétition. Où des adaptations liées à l’exercice concret des différents métiers de l’Éducation nationale étaient débattues, discutées et prises en compte collectivement. Ce sont celles et ceux qui travaillent et qui se mobilisent qui sont responsables.

Car il s’agit bien d’éviter à tout prix la fermeture pure et simple face à la progression de la maladie et de maintenir la continuité du service public d’éducation. (...)

Irresponsabilité encore quand le 5 novembre, le ministre annonce un aménagement de protocole ne comprenant que les seuls lycées, excluant les écoles et les collèges, et dont la soi-disant règle du « 50 % » se fait sans garanties ni moyens. D’où l’appel généralisé à la grève le 10 novembre.

C’est bien leur auto-défense sanitaire qu’exercent aujourd’hui les personnels du secteur de l’éducation (qu’il s’agisse des enseignant·es comme des personnels de vie scolaire, d’entretien et de service, de santé…). Et cela s’est traduit par des contre-protocoles sanitaires élaborés collectivement où revenait la nécessité de limiter les effectifs présents afin que les écoles et les établissements ne se transforment pas en clusters à répétition. Où des adaptations liées à l’exercice concret des différents métiers de l’Éducation nationale étaient débattues, discutées et prises en compte collectivement. Ce sont celles et ceux qui travaillent et qui se mobilisent qui sont responsables.

© Lycée Angela Davis - personnels mobilisés, @DAVISenlutte © Lycée Angela Davis - personnels mobilisés, @DAVISenlutte

Car il s’agit bien d’éviter à tout prix la fermeture pure et simple face à la progression de la maladie et de maintenir la continuité du service public d’éducation. (...)

Oui, les mobilisations en cours relèvent bien de l’auto-défense sanitaire, mais elles sont aussi un engagement pour l’école des filles et fils de premier·es de corvée. (...)

Dans le contexte sanitaire et social actuel, l’action sur le lieu de travail s’articule ici pleinement à une mobilisation de société : celle qui inscrit les luttes de l’éducation dans celles des classes populaires pour l’égalité, la justice et la dignité.