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De la maternelle au lycée, ras le bol !
15 février 2019
Article mis en ligne le 21 février 2019

(...) Des suppressions de classes dans le primaire et dans le secondaire qui auront pour conséquence l’augmentation significative du nombre d’élèves par classe. À Chelles, les enseignants de la maternelle au lycée ont décidé de dire stop !

lors que le département de Seine-et-Marne est en plein boom démographique, l’inspection académique de Melun et son comité technique spécial départemental (CTSD) a décidé la fermeture de 180 classes en primaire ! 180 classes qui pourraient disparaître donc à la rentrée scolaire 2019 dans le département contre seulement soixante ouvertures, soit un solde très largement négatif.

Hausse démographique et diminution des moyens, un cocktail explosif
À Chelles, cela se traduit par la fermeture de 10 classes dans les écoles primaires. Et le problème est identique dans les collèges de la ville. Dans mon collège, une classe sera fermée à la rentrée 2019 alors que nous devons accueillir 21 élèves de plus que cette année et qu’il aurait donc fallu en créer une supplémentaire. Concrètement, nos 7 classes de sixième seront déversés sur 6 classes de cinquième. Sur les autres niveaux aussi, les effectifs par classe vont ainsi inexorablement gonfler. Même son de cloche dans deux autres collèges de la ville. Un autre collège ne voit pas de classe créé malgré 32 élèves en plus. Le troisième, à effectif constant, perd une classe et voit ses effectifs flirter avec 30 élèves en 4e et en 3e.

Les lycées ne sont pas épargnés alors qu’ils doivent mettre en place une réforme du bac qui renforcera les inégalités territoriales. L’un des trois lycées de la ville a d’ailleurs participé mardi dernier à la nuit des lycées pour manifester son inquiétude.

Une école de la confiance, vraiment ?
À l’heure où le projet de loi intitulé école de la confiance est examiné par nos députés, l’intitulé même de cette loi sonne comme une offense à notre égard tant le décalage est grand entre les idéaux visés et la réalité sur le terrain.

Pire, on remet en cause notre dévouement en cherchant à museler nos désaccords lorsque nous souhaitons les exprimer publiquement dans les médias ou des réseaux sociaux. (...)
Comprenons nous bien, si nous sommes si nombreux à nous plaindre aujourd’hui, ce n’est pas pour jeter un discrédit ou diffamer l’Éducation nationale. C’est plutôt le contraire. Nous sommes attachés à la noble mission qui est la nôtre. Nous sommes même d’ardents défenseurs de l’école publique gratuite et obligatoire.

Mais comment travailler dans de bonnes conditions avec des effectifs aussi nombreux qui rendent difficile voire impossible l’accompagnement de tous nos élèves ?

Plus la dotation horaire d’un établissement est généreuse, plus le travail en groupe est favorisé. Avec des groupes réduits, on peut faire des travaux pratiques dans les matières scientifiques, accompagner nos élèves en fonction de leurs besoins et même mettre en place des projets innovants

Voilà 17 ans que j’enseigne avec passion et je constate, dépité, que l’éducation de notre jeunesse n’est plus la priorité de nos gouvernements. Enfin, l’éducation dans le secteur public, devrais-je dire, car l’obligation scolaire dès 3 ans permettra aux écoles privées de recevoir davantage de subventions publiques. Elles sont les grandes gagnantes de cette réforme.

Plus d’heures sup et donc moins de professeurs
Notre métier est méprisé et il n’attire plus car les conditions de travail se dégradent. Les salaires sont aussi répulsifs. (...)

Grève générale !
À Chelles, les professeurs ont donc décidé de réunir leur force pour dire stop. (...)

La grève d’aujourd’hui est massivement suivie. On dénombre 220 professeurs grévistes dans le primaire soit un taux de gréviste dépassant les 90 %. Les chiffres du secondaire arriveront plus tardivement dans la journée.

Cette grève, c’est une première, réunira les enseignants de la maternelle au lycée. Nous nous rendrons aujourd’hui à pied de la préfecture de Melun dans laquelle aura lieu le conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) qui valide ces coupes budgétaires dans le secondaire.

Des drapeaux, l’hymne national mais plus de professeurs
Pour finir, quelle ironie de l’histoire, on nous annonce qu’un amendement de la loi sur l’éducation a été voté lundi soir. Nous seront censés avoir dans toutes nos classes les drapeaux de la France et de l’Union européenne ainsi que les paroles de « La Marseillaise ».

Les classes seront vides à Chelles aujourd’hui pour que notre jeunesse ait le droit à un enseignement de qualité, voilà un acte patriote !

Car s’il y a bien des défenseurs de notre république et de ses valeurs comme le proclame notre hymne c’est bien du côté du corps enseignant qu’il faut aller les chercher.