
Demain, les troupes occidentales quitteront l’Afghanistan, et il ne restera plus qu’à attendre le retour des Talibans...
À cette heure particulièrement dramatique où il est question de voir les femmes afghanes retomber sous le joug de ceux qu’il n’était pas exagéré d’accuser de sexocide, il n’est pas inutile de rembobiner, et de refaire la chronologie de ces dernières décennies d’histoire afghane, si pleine de rebondissements, si dramatique.
(...) Lorsque demain les troupes occidentales se retireront d’Afghanistan, il y a fort à parier que le régime qu’elles laisseront derrière elles résistera encore moins que jadis n’avaient su le faire les communistes après le retrait de l’armée rouge.
Faut-il insister pour faire comprendre ici combien cela sera une catastrophe ? Non seulement la société afghane est destinée à en prendre plein la gueule, non seulement les femmes sont promises à l’enfermement absolu dans un mouroir aux dimensions d’un grand pays, mais pire encore si possible, sera alors proclamée à la face de tous l’impuissance du droit international. De même qu’aujourd’hui en Syrie, pourrait-on dire, sauf que de façon encore plus criante, puisque cela se produira après qu’une coalition internationale ait tenté de le faire valoir, et ce à grand frais (au prix d’une crise mondiale sans précédent). Ainsi sera affiché le droit des bandits à faire la loi…
Pour empêcher une telle catastrophe, il y a un moyen, simple, peu coûteux, mais qui demanderait à être mis en œuvre de toute urgence : installer une industrie pharmaceutique en Afghanistan ; accorder à celle-ci une licence pour produire de la morphine à destination de tous les hôpitaux du monde qui en manquent cruellement.
Il s’agirait d’offrir un débouché légal aux paysans afghans qui produisent aujourd’hui de l’opium à destination du marché mondial de l’héroïne clandestine. Ainsi, le flux de l’argent de l’opium n’alimenterait plus la guérilla des Talibans, mais servirait au contraire à consolider une économie légale.
Privés de ce « nerf de la guerre », il fait peu de doutes que l’intégrisme taliban péricliterait aussi vite qu’il est apparu.
Bien sûr, les services secrets américains et français, qui depuis la lointaine époque de la French connection n’ont pas cessé de se financer sur la base de ce trafic international risqueraient d’être fort déçus… Pour eux aussi, c’est le « nerf de la guerre », le moyen de s’autofinancer perpétuellement, échappant au contrôle démocratique des Etats. (...)