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Le Monde
« Derrière les provocations de Cyril Hanouna se cache un véritable bras de fer politique »
#journalisme #medias #Hanouna #Bollore
Article mis en ligne le 9 février 2023
dernière modification le 8 février 2023

L’économiste Julia Cagé et la députée (Génération.s) Sophie Taillé-Polian appellent, avec sept députés de la Nupes, le ministère de la culture et l’Arcom à renégocier la convention de mise à disposition du canal hertzien pour les chaînes C8 et CNews de Vincent Bolloré.

Le 16 janvier, l’animateur de l’émission phare de C8 « Touche pas à mon poste » (« TPMP ») s’est fendu d’une longue et violente diatribe contre l’audiovisuel public.

Sans contradicteur, devant un public de chroniqueurs aussi dociles que pressés de témoigner leur déférence envers leur patron, Cyril Hanouna a asséné sa sentence : « 4 milliards d’euros ? ! » ; « Avec 4 milliards, on peut en faire des autos pour la police, on peut offrir quelques hôpitaux, on peut augmenter les enseignants… », « Privatisez-moi tout ça ! » Tant pis pour la nuance et la qualité de l’argumentation. (...)

« 4 milliards d’euros ? ! », est-ce encore trop ? Peu importe que la France soit l’un des pays d’Europe où le financement de l’audiovisuel public a connu le plus de coupes budgétaires au cours des dernières années et que la suppression de la redevance hypothèque son avenir financier. Peu importe qu’avec 0,16 % du produit intérieur brut (PIB), le montant consacré y soit bien plus faible que chez nos amis allemands (0,27 %) et anglais (0,28 %).

Croisade idéologique

Pourquoi se préoccuper du fait que la qualité de l’information publique est une condition déterminante de la vitalité démocratique d’un pays et qu’elle tire la qualité de l’information en général vers le haut ? Pour Cyril Hanouna, le problème n’est pas que l’on dépense 4 milliards d’euros, mais que l’on puisse consacrer à l’audiovisuel public le moindre euro. (...)

Et tant pis si les Françaises et les Français considèrent pouvoir trouver une information plus « indépendante » et plus « neutre » ainsi que des programmes plus « intelligents » et « sérieux » sur les chaînes de radio et de télévision publiques (...)

Il faut dire que, du côté des médias privés, la tendance de ces dernières années est plutôt à l’amoindrissement du pluralisme politique à l’écran. C8 et Cnews, propriétés de Vincent Bolloré, ont été mises en demeure à plusieurs reprises par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pour manquement aux règles du pluralisme dans les médias. (...)

Elles n’ont pas hésité à sous-déclarer les temps d’antenne des représentants de l’extrême droite, au point qu’une étude du site Politiquemedias a comptabilisé entre juin 2020 et juin 2021 plus d’invités d’extrême droite (36 %) chez CNews que d’invités de gauche (17 %) et de la majorité présidentielle (17 %) réunis… (...)