
Depuis trois semaines, deux aéroports américains expérimentent « le délit de bonne gueule » aux portails de sécurité, pour pouvoir trier les passagers sans êtres taxés de discrimination négative. Objectif : rentabiliser équipements et personnels. A côté de ça, des voyageurs prudes ont réussi à faire interdire des scanners révélant leur intimité.
Ceux qui voyagent souvent en avion à l’intérieur des Etats-Unis connaissent la musique par cœur. Papiers en main, on entre dans une file qui débouche sur un premier contrôle, puis sur les tapis. Là, on empile valise et sac, souliers, ceinture, manteau, foulard, et, en évidence, le Ziploc contenant les mini récipients de liquides et crèmes, ainsi qu’ordinateur, tablette tactile ou liseuse sortis de leur étui.
Pendant l’examen des bagages, en chaussettes et pantalon tire-bouchonnant, on traverse un portail détecteur de métal ou un scanner anatomique. (...)
Rien à voir avec les contrôles en France ! Les agents américains ne touchent que les voyageurs du même sexe, et ils préviennent avant chaque mouvement :
« Attention, je vais poser ma main sous votre sein... entre vos jambes… Est-ce que c’est OK ? »
Ça prend un temps fou, et on n’a même pas le droit de rigoler.
Ces opérations destinées à minimiser les risques terroristes mobilisent des milliers d’agents, la plupart du temps en nombre insuffisant aux heures de pointe. Le stress des contrôleurs et des voyageurs est d’autant plus rageant que, dans 35 aéroports du territoire américain, une file contiguë tourne presque à vide même aux pires heures de la journée (...)
La TSA veut rentabiliser davantage la file PreCheck, par laquelle ne transitent aujourd’hui que 5% des passagers, sans sacrifier à la sécurité.
Elle vient donc de mettre en place un « programme de détection comportementale » : les agents vont être formés à repérer les voyageurs ne présentant aucune menace pour la sécurité, qu’ils inviteront à passer dans la file rapide.
En langage policier, on appelle ça du « profiling » (profilage), et les connotations discriminatoires sont inévitables, même s’il s’agit de choisir des bons et non des méchants. (...)
Résumons : gentils ou méchants, tous les passagers continueront à passer sous des portails de sécurité ou dans des scanners. Simplement, les premiers seront exemptés de déshabillage et de déballage. Tout ça pour ça ? C’est vrai, ça ne vaut pas un débat national !