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Des contrats vraiment pas aidés
Article mis en ligne le 31 octobre 2017
dernière modification le 30 octobre 2017

Macron a raison, les CUI‐CAE, c’est bidon. Mais ce qui vient est bien pire. À commencer par la brutalité du méga‐plan social que suppose la suppression de dizaines de milliers de ces emplois « aidés ». « Si on était correctement subventionnées, on n’aurait pas eu besoin d’avoir recours à ces contrats de merde ! », s’emporte Sophie, responsable associative. Petite balade marseillaise dans un paysage dévasté par un ouragan pas tropical.

Les CCO, c’est une fédération d’éducation populaire gérant une dizaine de centres sociaux à Marseille. « Notre secteur ne produit pas de richesse matérielle, il ne pourra jamais, par nature, être autosuffisant. » Hier, des dealers se sont fait prendre. Il paraît que deux flics s’étaient déguisés en ouvriers pour les coincer. « Je garde des bonnes relations avec ces jeunes, la plupart ont fréquenté le centre avant de se lancer dans le trafic, soupire Rosy. Qu’est‑­ce que tu veux qu’ils fassent ? »

« Jongler encore plus »

Par Baptiste Alchourroun. JPEG On a fermé les yeux sur les dérives du traitement social du chômage. « À la CAF, il y avait quatre ou cinq jeunes en CUI‑­CAE pour faire tampon entre les usagers excédés et les guichets débordés. Pour les Temps d’activités périscolaire, on a fait appel à pas mal de CAE, mais là, ce ne sera plus que de la garderie. » Avec des animateurs intérimaires, auto‑­entrepreneurs ou en service civique ?

« Pour le personnel de service aussi, les renouvellements sont bloqués depuis juin. Seule l’animatrice jardin a basculé d’un CAE à un CDI : elle est paysagiste, pas besoin de formation. » Car un contrat aidé, supposé faire marche‑­pied vers un emploi consolidé, doit être accompagné d’un projet de formation. « On va devoir jongler encore plus. On faisait du soutien scolaire, mais on ne pourra plus. Il faudrait quantifier les pertes en services. On n’aura plus le temps de parler aux gosses, de tisser des liens avec les parents. Ça va se casser la gueule. Ce qu’ils économisent là, ils le claqueront dans la construction de nouvelles prisons. » (...)

Syndrome de Stockholm

Depuis une trentaine d’années, l’État a opéré une vaste délégation de service public transférée vers le secteur associatif, tout en rognant à chaque budget sur leur financement. Pour compenser la baisse tendancielle des subventions, on a procédé à une subvention en douce à travers ces emplois sous perfusion. À la manif du 21 septembre, on croise Joris et Antoine, qui soutiennent une banderole du syndicat d’employés associatifs Asso‑­Solidaires. « On veut des CUI‑­CAE de merde payés des miettes ! », assène rageusement le slogan. Leur syndicat existe depuis dix ans, avec les hauts et les bas inhérents à l’instabilité professionnelle de ses adhérents. Joris parle de syndrome de Stockholm : « Nos “ patrons ” sont souvent des administrateurs bénévoles, impliqués dans des projets socialement utiles. Ça n’empêche qu’on fait des tas d’heures sup’ pas payées et qu’on tire le diable par la queue. » (...)