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Des coopératives se regroupent pour une alternative aux géants du web
Article mis en ligne le 28 mai 2021
dernière modification le 27 mai 2021

Train, covoiturage, forfait téléphonique... Neuf coopératives, qui proposent une alternative solidaire et écologique aux besoins de consommation, s’associent. Loin de viser l’hégémonie, ces « licoornes » montrent qu’un autre modèle est possible.

Neuf de ces Scic, nommées « licoornes » [1] ont mutualisé leurs forces pour proposer une alternative économique solidaire et écologique aux besoins du quotidien. « Entre le tout-privé, qui a de gros défauts et quelques avantages, et le tout-public, qui a beaucoup d’avantages et quelques défauts, nous voulons faire émerger une troisième voie, de forme privée, mais d’intérêt général », décrit Julien Noé, le fondateur d’Enercoop et l’artisan de leur regroupement. Une manière de donner corps au « monde d’après » tant attendu.

Pour y parvenir, le militant associatif compte sur une écurie de talents : Enercoop qui propose de l’électricité renouvelable en circuit court, Telecoop, un service de téléphonie qui responsabilise la consommation de données ; Commown, qui propose la location longue durée d’une flotte d’ordinateurs et de smartphones ; Mobicoop, un service de covoiturage et de mobilité solidaire ; Railcoop, qui relance la ligne Bordeaux-Lyon abandonnées par la SNCF ; le Label Emmaüs, qui assure une plateforme de commerce en ligne d’objets d’occasion ; La Nef, une coopérative financière qui offre des solutions d’épargne aux projets dédiées à l’économie sociale et solidaire ; Coopcircuits, une plateforme qui met en relation producteurs et clients désireux de consommer en circuit court ; et le dernier venu, Citiz, un réseau d’opérateurs d’autopartage. (...)

« L’idée est que ce collectif rassemble l’ensemble des offres répondant aux besoins que les citoyens pourraient avoir, et ce, au sein d’un système coopératif dont ces mêmes citoyens peuvent être parties prenantes », explique Marion, cofondatrice de Telecoop. Unir ces différentes offres derrière une appellation commune devrait aussi permettre à ses bénéficiaires de naviguer d’une coopérative à l’autre en fonction de leurs besoins et de leur volonté d’engagement. (...)

« Nos structures permettent aux citoyens de reprendre la main sur l’économie »

Leur socle commun est le statut de sociétés coopératives d’intérêt collectif et sa spécificité : le multisociétariat. (...)

la coconstruction par l’intégration des sociétaires est un pilier de ces coopératives. « Nos structures permettent aux citoyens de reprendre la main sur l’économie. N’importe quel client peut être sociétaire, et a un droit de regard sur les comptes de la coopérative : les bénéficiaires ont accès aux bilans comptables, aux rapports d’activité, aux assemblées générales... », énumère Adrien Montagut, cofondateur de Commown. Marion Graeffly, confondatrice de Telecoop, opine : « Les assemblées générales sont le point d’orgue des Scic : chaque coopérative y rassemble les sociétaires pour leur faire voter les projets des équipes opérationnelles, l’aspect budgétaire, et travailler sur les orientations de l’entreprise. »

Ce pouvoir des coopérateurs s’est concrétisé chez Enercoop par l’élaboration du fonds de dotation Énergie solidaire. « L’idée est venue d’un sociétaire, lors d’une assemblée générale. Il a expliqué pourquoi c’était important qu’Enercoop s’empare des enjeux de précarité énergétique (...)

Ce pouvoir des coopérateurs s’est concrétisé chez Enercoop par l’élaboration du fonds de dotation Énergie solidaire. « L’idée est venue d’un sociétaire, lors d’une assemblée générale. Il a expliqué pourquoi c’était important qu’Enercoop s’empare des enjeux de précarité énergétique », se rappelle Flora, membre de la coopérative. Depuis 2019, ce programme récolte des microdons sur la consommation d’énergie des clients d’Enercoop, puis réinvestit ces sommes auprès d’associations qui assistent les ménages en précarité énergétique.
Malgré leur motivation, la plupart demeurent des coopératives de tailles et d’effectifs modestes (...)

« Regardez la communication d’EDF, d’Engie, de Total : ils sont désormais “citoyens”, “écolos”, “solidaires”… Le combat de différenciation est très difficile », dit Julien Noé. Plutôt que par leur discours, les coopératives se distinguent par leur fonctionnement interne, souligne Amélie Artis, maîtresse de conférences à Sciences Po Grenoble et spécialiste de l’économie sociale et solidaire. « Le produit qu’elle vend est le résultat d’une coopération. L’enjeu est la rupture dans les rapports sociaux de production au sein de la coopérative par rapport aux autres modèles. »

Si atteindre une position dominante sur leurs marchés respectifs s’avère épineux, ce n’est pas leur principal levier d’influence, relève l’économiste : « Les coopératives contribuent à faire évoluer les règles du jeu, car elles diffusent leurs idées et leurs pratiques de production au-delà d’elles-mêmes. » (...)

Pratiques et projets communs n’empêchent pas les lourdeurs de fonctionnement. Ancienneté, localisation, secteur d’activité… Le groupe de « licoornes » ne manque pas d’hétérogénéité. (...)

Les « licoornes » tentent de casser ces rigidités en mutualisant leurs services. (...)

Depuis des années, le fondateur d’Enercoop rêve de faire mûrir l’écosystème des coopératives. Un projet déjà commencé à travers le Collectif pour une transition citoyenne qui regroupe aujourd’hui trente organisations. « C’est un écosystème plus large que les “licoornes” que nous voulons porter. Il y a 20 000 mouvements sur le Transistocope, mais ils manquent de liens », analyse-t-il.

Julien Noé le pressent, après un long chemin d’épines, l’air du temps est enfin favorable, et les licoornes ont la carrure pour porter ce projet à maturité (...)

Depuis des années, le fondateur d’Enercoop rêve de faire mûrir l’écosystème des coopératives. Un projet déjà commencé à travers le Collectif pour une transition citoyenne qui regroupe aujourd’hui trente organisations. « C’est un écosystème plus large que les “licoornes” que nous voulons porter. Il y a 20 000 mouvements sur le Transistocope, mais ils manquent de liens », analyse-t-il.

Julien Noé le pressent, après un long chemin d’épines, l’air du temps est enfin favorable, et les licoornes ont la carrure pour porter ce projet à maturité (...)

Aujourd’hui, on sent une vraie demande des jeunes qui sortent d’écoles d’ingénieurs d’investir ces secteurs. On retrouve cette demande chez les consommateurs : Télécoop a déjà mille clients au bout de quelques mois. C’était inimaginable il y a dix ans ! (...)