
Deux sociologues, Christian Topalov et Joël Laillier, analysent les réformes qui ont violenté le monde de la recherche. En deux décennies, le pouvoir y a changé de mains et de nature.
En vingt ans, le paysage de la recherche française a été bouleversé de fond en comble. De nouveaux lieux de pouvoir, comme l’Agence nationale de la recherche ou le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, sont apparus. D’autres, comme le CNRS, ont vu leur influence décroître.
Les réformes ont pour mots d’ordre « concurrence », « excellence » et « innovation ». Très majoritairement, chercheurs et universitaires n’en voulaient pas. Et pourtant, elles ont été imposées d’en haut par les douze ministres qui se sont succédé sous quatre présidents de la République. Elles ont bénéficié du soutien actif d’un groupe très restreint de chercheurs : ceux que l’on peut qualifier de nouveaux dirigeants de la recherche française.
Deux sociologues, Joël Laillier et Christian Topalov, ont analysé cette mutation dans Gouverner la science. Anatomie d’une réforme (2004-2020), publié chez Agone en 2022. Ils sont les invités de notre émission « Science Friction ». (...)