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Des médailles, des municipales et pas d’ISF… Conseils d’experts pour le monde d’après
/Samuel Gontier
Article mis en ligne le 20 mai 2020

Sur BFMTV, Christophe Barbier vante les médailles promises aux soignants par le gouvernement. Sur LCI, Arlette Chabot célèbre les références historiques d’Emmanuel Macron. Et la crème des experts rappelle qu’une taxation supplémentaire du capital ne peut être soutenue que par un malade mental.

« La vie reprend peu à peu, y compris pour certains sports, annonce le présentateur de France 3 Île-de-France jeudi dernier. À Luzarches, près de Roissy, l’un des plus grands golfs de France accueille à nouveau les sportifs. » Quel soulagement ! Après avoir assisté à la reprise d’activité des plaisanciers la semaine dernière sur BFMTV, je peux témoigner que le bon peuple est autorisé à reprendre ses activités sportives. « Un bon swing, et ça repart, rapporte une envoyée spéciale sur le green. Taper une balle après deux mois de confinement, entre amis, c’est une libération. » « On est heureux ! » clame une golfeuse. Une autre précise : « On arrive avec le masque et puis après on l’enlève pour jouer parce que sinon c’est pas possible. » Bien sûr. C’est pareil pour travailler. Demandez aux caissières de supermarché. (...)

Et pour les soignants, quelle bonne nouvelle ? « Le gouvernement a annoncé hier qu’une médaille serait décernée à ceux qui se sont dévoués pendant l’épidémie », rapporte BFMTV le même jour. « Cette médaille a été créée en 1884 [par décret en mars 1885, ndlr], s’empresse d’expliquer Christophe Barbier. Elle était déclinée en bronze, argent, or, vermeil. » Voilà qui va permettre de hiérarchiser le mérite des soignants. « Elle est créée parce qu’en 1884 il y a une épidémie de choléra à Marseille. C’est aussi une médaille qui vient dans un contexte géopolitique. La science, la recherche, les vaccins, c’est devenu une bataille patriotique. » Comme la guerre contre le coronavirus. « En 1875 [1885… ndlr], Pasteur crée le vaccin contre la rage, mais en 1884, c’est un Allemand qui est à l’honneur, Robert Koch, qui a découvert la tuberculose et le choléra. Il s’agit aussi de mobiliser, de motiver la recherche française pour ne pas perdre cette bataille. » Vous allez voir qu’avec ces médailles notre hôpital va redevenir le meilleur du monde.

« Qui va avoir cette médaille ? » demande la présentatrice. Selon Christophe Barbier, « la porte-parole du gouvernement a arrosé large ». Notre gouvernement est trop bon (...)

À défaut de satisfaire les soignants (jamais contents), la réhabilitation de cette médaille pourrait relancer notre industrie métallurgique. (...)

« On parle aussi d’un hommage le 14 juillet. » Suprême reconnaissance. Christophe Barbier approuve : « Ça serait bien de les faire défiler sur les Champs-Élysées, de pouvoir avoir la foule qui applaudit les soignants comme elle applaudit chaque année les militaires. » La foule ? C’est une info Christophe Barbier : les rassemblements de plus de 100 000 personnes seront autorisés dès juillet. « C’est pas facile de mélanger civils et militaires. On pourrait peut-être faire deux défilés. » Ou bien doter les soignants de blouses kaki et leur apprendre à marcher au pas.

Quatre jours plus tard, le présentateur demande à Christophe Barbier : « Est-ce que le deuxième tour des municipales aura bien lieu en juin ? » « Oui, il le faut. Parce que la démocratie ne doit pas céder à l’épidémie. » Reconnaissons à l’éditorialiste de BFMTV qu’il ne varie pas. Au soir du premier tour, il saluait déjà : « Les 44 % de participants ont su montrer que la démocratie était plus forte que le virus. » Une victoire de la démocratie confirmée peu après par la contamination de personnes chargées du fonctionnement des bureaux de vote et par les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. (...)

Arlette Chabot aussi sait manier les références historiques (de notre président). « On va parler d’un prof d’histoire qui s’appelle Emmanuel Macron, promet-elle vendredi sur LCI. (...)

Lors de sa première intervention, on disait : “Oh, mais il y a du de Gaulle là-dedans.” » Ici, le « on » désigne les éditorialistes les plus irrévérencieux. Trois extraits défilent : « Nous sommes en guerre. » « Nous sommes en guerre. » « Nous sommes en guerre. » Voilà du de Gaulle tout craché. (...)

Comparer le coronavirus aux nazis, une pensée simpliste ? Pas du tout. « On verra comment le président exprimera sa certitude que demain nous pourrons vaincre. » La maladie qui défile au pas de l’oie dans nos hôpitaux. (...)

Claire Fournier, une autre éditorialiste de LCI, salue la flagrante « réinvention » d’Emmanuel Macron : « Il y a eu un début de réinvention avec ce mea culpa sur l’hôpital, le fait qu’il admette une erreur de stratégie. » Arlette Chabot en convient : « Oui, y a un virage. En tout cas, il va changer. » Et prendre un « virage social », comme tous les mois depuis deux ans. (...)

Samedi, toujours sur LCI, Amélie Carrouër s’interroge sur les conséquences économiques de la crise. Elle est en bonne compagnie (...)

L’expert résume l’esprit de la rencontre : « Ce qui est intéressant, c’est qu’y a un très grand consensus des économistes. » Des économistes d’Emmanuel Macron. « Y a pas d’économistes de droite, de gauche ou du milieu. » Il n’y a que des économistes macronistes. (...)

Amélie Carrouër cite plusieurs personnalités qui en appellent à la solidarité des plus riches, tels Vincent Lindon, Martine Aubry et Raymond Soubie, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy passé à l’ultragauche puisque, selon lui, « il sera difficile de ne pas prendre des mesures comme une taxation accrue du capital et un rétablissement de l’ISF ». « Que fait-on ? Vous choisissez quoi ? » « C’est une mauvaise conception du revenu du capital, tranche Patrick Artus. Les gens qui reçoivent des dividendes ont prêté de l’argent aux entreprises. Vous pouvez pas inciter les Français à prêter leur épargne aux entreprises si par ailleurs vous taxez à 100 % le revenu qu’ils en retirent. » 100 % ? C’est confiscatoire. « Avant les réformes, en ajoutant les cotisations sociales, l’impôt sur le revenu et l’ISF, vous arriviez à entre 80 et 100 % de taxation. » Heureusement, la flat tax d’Emmanuel Macron a instauré un plafond de 30 % ‒ s’il y avait une marge entre 30 % et 100 %, ça se saurait. « En plus, c’est risqué d’acheter une action. » N’oublions pas que les gens qui investissent en Bourse sont d’intrépides aventuriers qui risquent leur vie tous les jours – sur des voiliers ou des parcours de golf. (...)

À son tour, Olivier Babeau se dit « consterné de l’éternel retour de l’ISF. Dès qu’y a un problème, tout de suite, c’est la taxation des riches. » Résultat d’une congénitale inclination à l’égalitarisme. (...)

Les Français ne comprennent rien à rien. « C’est une question absolument centrale dans la psychologie française. » Vouloir réduire les inégalités relève de la psychiatrie. « Les explications de Patrick Artus sont absolument savantes et tout à fait convaincantes… » Et brillantes. « Mais strictement incompréhensibles pour les Français. » Les Français sont trop cons. Incapables d’apprécier la clairvoyance des experts de LCI.