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Basta !
Des militants du mouvement social dénoncent « une épidémie de répression antisyndicale et autoritaire »
Article mis en ligne le 31 mai 2020

Si la réforme des retraites a été suspendue, ce n’est pas le cas des poursuites judiciaires engagées à l’encontre de militants suite à des actions de blocages et des rassemblements. Depuis la fin du confinement, les convocations au commissariat se multiplient.

Les convocations au commissariat ont repris immédiatement après la fin du confinement. Plusieurs militants engagés contre le projet de réforme des retraites, à Nancy, en font les frais. Poursuivies pour des faits « d’entrave concertée et avec violence ou voie de fait à l’exercice de la liberté du travail », neuf personnes devaient initialement être convoquées au commissariat de Nancy le 18 mars. L’épidémie a conduit le parquet à demander le report de toutes « les enquêtes non urgentes ». Le 16 mars, Emmanuel Macron annonçait même la suspension de la réforme des retraites.

Depuis le 11 mai, la machine répressive se remet en marche (...)

« La vie démocratique, c’est aussi la liberté d’expression et de rassemblement »

Les convocations au commissariat de Nancy s’enchaînent. Les contrôles d’identité et verbalisations, aussi. « Nous n’avions pas appelé à un rassemblement mais nous nous sommes retrouvés lundi à une vingtaine pour accompagner les personnes auditionnées au commissariat », relate Roberto Toscano. Bien conscients de l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes en raison de l’état d’urgence sanitaire, les soutiens présents portaient un masque, respectaient la distanciation sociale et n’ont pas formé de groupes de plus de neuf personnes, comme en témoignent les vidéos consultées par Basta !. Toutes ont néanmoins fait l’objet d’un contrôle d’identité et ont été verbalisées. Le même scénario s’est reproduit deux jours plus tard, le 27 mai, en présence d’un huissier de justice cette fois-ci en vue de contester les verbalisations (...)

Roberto Toscano y voit « une guerre sociale contre les militants et contre toute forme de contestation. Le Premier ministre a affirmé que la vie démocratique devait reprendre. La vie démocratique ce n’est pas seulement l’organisation du deuxième tour des municipales, c’est aussi la liberté d’expression et de rassemblement. Comment expliquer qu’on ait plus de droits dans un supermarché que lorsqu’on soutient des camarades victimes de répression ? »

Lui-même est poursuivi pour « entrave à la circulation », suite à une marche aux flambeaux contre la réforme des retraites début février. (...)

« Il y a une volonté de faire taire la parole dissidente »

Nancy est loin d’être un cas isolé. Des poursuites similaires contre des militants soupçonnés d’avoir participé à des blocages ont lieu à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), La Roche-sur-Yon (Vendée), Millau (Aveyron), et en Ardèche. « Une épidémie de répression antisyndicale et autoritaire s’abat sur les militants, dont Solidaires, engagés dans la lutte contre la réforme des retraites », dénonce Elie Lambert, secrétaire national. « Les poursuites concernent à chaque fois des blocages de l’économie. » (...)

Pour Elie Lambert, ce mouvement de répression ne cesse de croître depuis la loi Travail. « Il s’agit de criminaliser. Il y a une volonté de faire taire la parole dissidente car ils sont incapables d’avoir une parole politique empreinte de justice sociale. » Une manifestation de solidarité avec les migrants et pour la régularisation des sans- papiers, prévue le 30 mai à Paris, serait d’ailleurs interdite par la préfecture.