
Depuis novembre 2018, entre 150 à 200 squatteurs occupent d’anciens locaux inoccupés de l’Université de Bordeaux. Situé au 40 rue Lamartine à Talence, ce squat social a été baptisé, l’Ascenseur, en lien avec l’ascenseur qui se trouve dans le bâtiment principal de cet ensemble architectural, anciennement utilisé comme lieu d’enseignement des mathématiques et d’hébergement d’enseignants.
En septembre 2018, un ensemble de neuf bâtiments répartis au milieu de grands arbres, dans le centre ville de Talence, ont été désaffectés. Deux mois plus tard, ces bâtiments appartenant à l’université de Bordeaux, dont le château de Salles qui est classé au patrimoine de l’UNESCO, ont vu l’arrivée de personnes sans domicile fixe.
Beaucoup de familles avec des enfants
L’Ascenseur, nom donné à ce squat, abrite de nombreuses familles avec des enfants en bas-âge, des femmes enceintes et des personnes seules. Ils viennent d’Albanie, de Géorgie, du Tchad, de Macédoine, de l’Afrique Sub-Saharienne et de Guinée. Un collectif de Talençais, des citoyens et des associations (Ovale Citoyen, le Secours Populaire, ARTS Talence, ANV Cop 21 Gironde, Médecins du Monde, RESF, Banque Alimentaire, 1-2-3 C’est Parti, La Croix-Rouge et Tri Potes et Mascagnes) se sont réunis pour venir en aide aux occupants de l’Ascenseur dans l’attente de solutions pérennes de relogement. Un accès au soin et une aide alimentaire leur sont proposés. Les adultes peuvent recevoir de l’aide grâce à un accompagnement dans les démarches administratives et la mise en place de cours de langue française. La majorité des enfants sont scolarisés dans les écoles avoisinantes. “Il existe une belle solidarité,” nous dit Françoise, bénévole d’une association qui apprend le français aux occupants. (...)
Dans un communiqué datant du 12 février 2019, l’université de Bordeaux a fait savoir qu’elle se sentait concernée par la précarité de ces familles et réfléchit à la possibilité de proposer, pour une période donnée, la mise à disposition de locaux inoccupés. Il y est mentionné que « les solutions doivent s’inscrire dans le cadre d’un accompagnement global par les structures compétentes capables d’apporter aux hébergés des garanties en termes d’hygiène et de sécurité, tout en étant compatibles avec les activités et missions premières de l’université de Bordeaux. » La préfecture, la mairie de Talence et la direction départementale de la cohésion sociale se sont également penchés sur ce dossier afin de trouver des solutions d’hébergement et d’accompagnement à des personnes en situation d’urgence sociale. A ce jour, le squat n’a toujours pas été évacué en raison de la trêve hivernale qui court jusqu’au 31 mars prochain. Cependant, l’incertitude sème le doute. (...)
Le collectif de soutien aux squatteurs de l’Ascenseur a créé une pétition en ligne pour lutter contre la menace d’expulsion. 639 signatures ont déjà été récoltées. Cette pétition a été envoyée au Préfet de Gironde, au Président du département de la Gironde, au Président de Bordeaux Métropole, au Maire de Talence et au Président de l’Université de Bordeaux. Ils souhaitent un relogement des familles et des habitants. « Personne ne doit être à la rue ! Nous refusons toute expulsion tant qu’une solution n’aura pas été trouvée ! » Pour l’instant, aucune solution alternative d’hébergement ne leur a été proposée.