Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Dettes publiques : les audits citoyens gagnent l’Europe
Article mis en ligne le 6 avril 2013

Alors que l’ampleur des dettes publiques sert de justification à toute une série de régressions sociales en Europe, de plus en plus de mouvements sociaux cherchent à se réapproprier ce débat en prenant exemple sur des expériences menées en Amérique Latine ou en Afrique. Leur point de ralliement : la création de « comités d’audit citoyen » chargés de faire la lumière sur l’origine de ce surendettement et au besoin, d’en appeler à la répudiation pure et simple de sa portion "illégitime".

Du 15 au 18 février dernier, Thessalonique a accueilli la troisième rencontre du Réseau international pour un audit citoyen de la dette (ICAN). Cette plate-forme regroupe différentes initiatives nationales d’Europe et d’Afrique du Nord, dont le point commun est de chercher à se réapproprier le débat sur la dette par la création de « comités d’audit citoyen ». « L’idée est avant tout de repolitiser un enjeu qui nous a été confisqué par les « experts » en tout genre », confie ainsi Émilie du Cadtm (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-monde), une ONG active depuis longtemps sur la question de la dette des pays du Sud et qui s’est récemment recentrée sur l’Europe à la faveur de la crise de l’euro.

Son fondateur, Éric Toussaint, a notamment participé à l’audit gouvernemental réalisé en Équateur en 2006 à la demande du nouveau président Rafael Correa, qui a permis de déclarer illégitime près de 80 % de la dette du pays. La réussite de cette expérience, tout comme les démarches similaires réalisées cette fois sur une base citoyenne au Brésil ou au Mali, a inspiré bon nombre de mouvements sociaux en Europe, fatigués des discours fatalistes tenus sur la dette et l’austérité.

« On ne doit rien, on ne paye rien ! »

Sans grande surprise, les premiers à s’être saisis de la question sont les Grecs, en mars 2011. Le mouvement des indignés de la place Syntagma a servi de puissant catalyseur et il existe désormais deux groupes qui traitent spécifiquement de la question en Grèce, l’ELE (Campagne pour un audit de la dette grecque), basé à Athènes, et le NDNE (No Debt, No Euro) à Thessalonique.

Ils ont été rapidement rejoints par d’autres pays du Sud de l’Europe en proie à un surendettement insoutenable comme le Portugal, l’Irlande, l’Italie ou encore l’Espagne. Mais aussi par des pays en apparence moins affectés par la problématique comme l’Angleterre, la France et même l’Allemagne. L’angle d’attaque est à chaque fois différent. Ici on interroge le poids du sauvetage bancaire sur les finances publiques (Anglo en Irlande ou Bankia en Espagne). Là on dénonce les prêts toxiques accordés aux collectivités locales (comme en France et en Belgique avec l’affaire Dexia). Les mouvements féministes sont également très présents dans la campagne, certains réclamant la réalisation d’audits féministes de la dette. (...)