Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
Disney joue un tour infernal à ses intermittents du spectacle
Article mis en ligne le 5 avril 2020

En raison de la pandémie liée au coronavirus, la direction des parcs de Disneyland Paris cherche à se défaire à moindres frais de centaines d’intermittents.

(...) Des productions des studios Disney ou Marvel, telles « Mickey et le Magicien », « Frozen (« La Reine des neiges »), ainsi que « Marvel : L’Alliance des super héros » et « Stark expo », qui ont dû être annulées après l’instauration du confinement général de la population. Quatre shows pour lesquels, selon nos informations, plus de 350 intermittents du spectacle – comédiens, danseurs, cascadeurs, mais aussi personnels techniques –, avaient été recrutés. Des centaines d’intermittents, dont Disney ne sait plus que faire aujourd’hui. Contactée, la direction du parc de loisirs n’a pas souhaité répondre. (...)

Disney propose « la rupture anticipée d’un commun accord [du] contrat de travail à compter du premier avril 2020 ». Et pas question de tergiverser : la DRH leur demande de « bien vouloir [lui] confirmer [leur] accord avant le 2 avril 2020 ». (...)

Solidaires, les intermittents ont fait appel au « syndicat des artistes interprètes », raconte Jean (le prénom a été modifié), l’un des intermittents engagés pour l’un des quatre spectacles. (...)

Ce courriel de la direction n’est qu’une étape supplémentaire de la dégradation rapide du dialogue social au royaume de Mickey. (...)

« Avant ce mail, il y a quatre jours », souligne Jean, « plusieurs d’entre nous ont reçu des appels du service des castings de Disneyland Paris pour savoir s’ils étaient d’accord pour rompre leur contrat de leur propre chef ». Des coups de téléphone assortis « de menaces ». « Si vous refusez, vous serez blacklistés chez Disney ! », se désole Jean.

Changement de pied radical

Ces pressions marquent un changement de pied radical de la part de la direction. Au départ, se remémore Jean, « Disney nous avait proposé de nous mettre en chômage partiel à partir du 1er avril ». Un dispositif réclamé pour les 15 000 salariés du parc à l’occasion d’une réunion, dimanche 29 mars, du Conseil social et économique (CSE) de Disneyland Paris. Pris en charge par l’Etat, les salariés devaient percevoir 84 % de leur salaire net, le reliquat étant versé par Disney, mais seulement jusqu’au 19 avril.

Les artistes des quatre spectacles annulés étaient prêts à accepter ces mesures de chômage partiel, même si cela aurait eu pour conséquence de « faire baisser [leur] nombre d’heures ». (...)

Outre leur travail, nombre d’artistes licenciés par Disney seraient aussi susceptibles d’y perdre leur logement. En effet, certains d’entre eux – surtout des étrangers ou des provinciaux « montés » à Paris – « sont logés dans des résidences Disney », conclut Jean.