
À la suite d’une plainte en référé, le tribunal d’instance de Hambourg (Allemagne) a rendu sa décision le 20 mars dans laquelle il interdit à ARTE de diffuser à nouveau le documentaire Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église dans sa version actuelle.
La violation de l’ordonnance du tribunal pourrait condamner la chaîne franco-allemande à « une amende pouvant aller jusqu’à 250 000 € ou une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans », précise la Süddeutsche Zeitung dans un article du 23 avril intitulé « Arte retire le documentaire sur les abus de ses programmes ». (...)
Directeur de l’Unité société et culture d’Arte France, Fabrice Puchault confirme l’information. « La personne qui a porté plainte est un prêtre allemand », précise-t-il. « Il n’est pas nommé, et le lieu où il exerçait n’est pas mentionné mais il s’est reconnu et a estimé être reconnaissable par d’autres. Le tribunal lui a donné raison, après une audience à laquelle – pour des raisons qui tiennent à la procédure judiciaire allemande – nous n’étions pas présents ».
La décision a été notifiée à Arte-GEIE (Groupement européen d’intérêt économique), la structure chapeautant les deux pôles français et allemand d’édition et de fourniture de programmes. Arte-France et Arte-Deutschland ont donc toutes deux été priées de ne pas reprogrammer le documentaire d’Eric Quintin et Marie-Pierre Raimbault et de « stopper toute forme de diffusion ».
Faire opposition
« Nous défendons ce film, dont nous avons accompagné la production comme la diffusion. Nous préparons donc un dossier pour faire opposition à la décision du tribunal », précise Fabrice Puchault. (...)
Lors de sa diffusion en prime time le 5 mars, Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église avait réuni 1,5 million de téléspectateurs en France, soit une part de marché trois fois supérieure à la moyenne. Entre le 5 mars et le 5 avril, date à laquelle il a été retiré de la plate-forme de vidéos à la demande de la chaîne, il a été vu 495 721 fois en France. Il n’est donc resté disponible qu’un mois au lieu des deux prévus. (...)
« Au total, il a été vu par deux millions et demi de personnes en France et en Allemagne », calcule la Süddeutsche Zeitung, pour qui « ce documentaire, à nul autre pareil, a permis de mieux comprendre l’abus des religieuses dans l’Église catholique, en particulier en France et en Afrique ».