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Doit-on relever les empreintes digitales des bébés ?
Article mis en ligne le 22 juin 2016
dernière modification le 19 juin 2016

La science permet de relever les empreintes digitales des nouveau-nés. Mais, si constituer un carnet de santé biométrique est possible, est-ce forcément une bonne idée ?

C’est d’abord un progrès technologique indéniable : il est désormais possible de relever les empreintes digitales des enfants les plus minuscules, y compris les nouveau-nés. La science s’est attelée à ce dossier en arguant que les empreintes digitales sont l’un des meilleurs moyens de surveiller la santé des enfants dès leur naissance et de pouvoir les identifier grâce à cela.

C’est effectivement un moyen plus fiable que le simple petit bracelet de naissance, qui a parfois pu occasionner des échanges plus que malheureux (...)

De plus en plus, les organisations liées à la santé réfléchissent à l’établissement d’un gigantesque fichier biométrique qui permettrait de suivre tout être humain dès la naissance afin de suivre l’avancement de ses vaccins ou de conserver une trace de toutes ses consultations précédentes. C’est comme si votre carnet de santé vous accompagnait partout où vous alliez.

L’utilisation des empreintes digitales préalablement enregistrées dans un grand fichier permet en outre de traiter les dossiers rapidement. (...)

Mais si cette technologie n’est pas encore tout à fait prête à être utilisée, les questions liées à l’éthique et aux libertés se posent déjà. Relever les empreintes digitales dès la naissance, c’est mettre en place une vaste entreprise de fichage, dont on peut douter qu’elle ne soit ensuite utilisée qu’à des fins bienveillantes. Par exemple, imaginez ce qui se produirait si un futur employeur pouvait avoir accès à tous les dossiers médicaux des candidats au poste proposé : de nombreuses personnes identifiées à l’emporte-pièce comme « à risque » pourraient voir plus d’un emploi leur passer sous le nez. Et ce n’est qu’une situation parmi tant d’autres.

On se souvient que Nicolas Sarkozy, en 2008, souhaitait détecter les comportements jugés borderline dès l’âge de 3 ans, et donc ficher dès le plus jeune âge les individus dits instables. Depuis 2009, l’Inde consigne quant à elle toutes les informations biométriques (y compris le scan de l’iris et l’empreinte du visage) de ses habitants de plus de 5 ans. Mais New Scientist rappelle que, dans d’autres pays, comme l’Angleterre ou les États-Unis, les écoles qui avaient proposé de relever les empreintes de leurs élèves (pour leur permettre de payer leur repas de cantine grâce à elles, par exemple) avaient été accueillies par un tollé général.

Le débat n’a certainement pas fini de faire rage. (...)