Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France inter
Dominique Bourg : "La sobriété, ce n’est pas vivre plus mal, c’est apprendre à vivre mieux"
Article mis en ligne le 14 août 2022
dernière modification le 13 août 2022

Dominique Bourg, philosophe franco-suisse, professeur honoraire à l’Université de Lausanne et spécialiste des questions environnementales et Olivier Sidler, membre fondateur et porte-parole de l’association négaWatt, qui prône la sobriété énergétique, sont les invités de France Inter.

"On se comporte comme si la Terre n’existait pas. Comme s’il n’y avait pas d’équilibres sur cette planète, et comme si on pouvait, par nos techniques, tout transgresser", commence le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l’écologie. Il donne une définition de la sobriété : "Ce n’est pas de vivre plus mal, c’est d’apprendre à vivre mieux, avec une empreinte écologique beaucoup plus petite". Or, dit-il, "quand vous parlez de sobriété, si chacun doit faire moins, ça rend les écarts de richesse beaucoup plus insupportables. Qu’un Jeff Bezos fasse du tourisme planétaire et émette en carbone ce que des centaines de personnes ne feront même pas dans leur vie, ça n’est plus tolérable", analyse-t-il.
"L’idée clé de la sobriété, c’est l’autolimitation"

Il revient sur l’origine philosophique de ce concept. Selon Dominique Bourg, l’idée clé de la sobriété, "c’est l’autolimitation et la civilisation qui a le plus excellé dans ce domaine, c’est la Grèce. La Grèce s’est construite sur le rejet de la démesure, de l’hubris", détaille-t-il. Puis il poursuit : "la sobriété, ce n’est pas pour se faire suer. C’est pour trouver une forme d’équilibre, car il n’y a pas de bonheur sans une forme d’équilibre. Dans nos sociétés, où on nous incite à acheter sans cesse, c’est très anxiogène. On crée un manque artificiel". Selon lui, passer à la sobriété, c’est donc changer de "civilisation". (...)

Pour Olivier Sidler, membre fondateur et porte-parole de l’association négaWatt : "La sobriété, c’est tout ce qu’on peut faire à titre individuel et collectif pour changer nos comportements et nos choix afin de réduire la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire nos besoins de base. Si chacun s’astreint à cela, c’est un grand progrès", avance-t-il.

"On peut tous prétendre qu’on est libre, sauf qu’on fait mourir l’espace qui nous fait vivre" (...)