
Ce lundi et mardi 17 septembre, le projet de loi dit « pour l’égalité entre les femmes et les hommes » déposé par Najat Vallaud-Belkacem, sera discuté au Sénat en première lecture. Certaines dispositions de ce texte prévoient de modifier la responsabilité des intermédiaires techniques de l’Internet pour leur confier des missions de contrôle et de censure des communications.
(...) Au nom de la lutte légitime contre les discours sexistes et homophobes, la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, souhaite profondément modifier ce régime de responsabilité et faire adopter des dispositions visant à élargir l’éventail des contenus que ces acteurs privés sont chargés de surveiller et donc incités à supprimer. Des amendements déposés par Catherine Tasca – encore une fois en pointe des mesures renforçant la répression sur Internet2 – et adoptés en commission des lois, modifieraient la LCEN3 et un article du code pénal relatif à l’enregistrement de scènes de délits4 dans le but d’accentuer un peu plus la responsabilité des intermédiaires techniques aux contenus pouvant être constitutifs de harcèlement sexuel.
Cet élargissement des fonctions de police et de justice privée qui incombent aux hébergeurs est précisément ce que réclament depuis des années les industries du divertissement pour mener leur guerre contre le partage de la culture sur Internet. En ouvrant une telle brèche, le Sénat laisserait le champ libre à d’autres élargissements ultérieurs accentuant un peu plus les problèmes déjà constatés dans l’application de la LCEN, alors qu’au contraire, cette dernière doit être modifiée pour mieux protéger la liberté d’expression et le droit au procès équitable. (...)
« L’instrumentalisation de la lutte contre le sexisme et l’homophobie pour encourager des dispositifs de surveillance et de censure reposant sur des acteurs privés est inacceptable et rappelle les pratiques du gouvernement précédent. Dans un régime démocratique, seule l’autorité judiciaire peut légitimement prononcer des mesures aussi graves que la censure. » déclare Jérémie Zimmermann, porte-parole et cofondateur de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.