
Le livret ouvrier du XIXème siècle et son successeur du XXIème ont deux points communs : assurer un contrôle social et limiter les salaires versés. Mais dans le premier cas, il s’agissait pour éviter les troubles sociaux de limiter le nomadisme et, dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre, d’empêcher le départ des ouvriers vers d’autres employeurs alors qu’actuellement, il s’agit au contraire de favoriser la mobilité professionnelle et géographique de la main d’oeuvre que l’on met en concurrence. Le rêve ancien des employeurs – savoir qui ils embauchent et pouvoir ne choisir que ceux qui sont à la fois dociles et imaginatifs, costaux et minutieux… — est en train de se réaliser. (Par Richard ABAUZIT - dernière version Juillet 2010)Passée presqu’inaperçue, la loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative
à l’ « orientation et à la formation tout au long de la vie » a modifié le Code de
l’éducation et le Code du travail en reliant les deux.
La loi institue pour les élèves un « livret de compétences », expérimental
jusqu’en 2012. La même loi (nouvel article L.6315-2 du Code du travail) institue, avec
une dénomination standard européenne mais un contenu strictement identique le
« passeport orientation et formation ».
Sa « mise en oeuvre » à travers les négociations professionnelles sur les
plans de formation est prévue par le nouvel article L.2241-6 du code du travail.
Par ailleurs il apparaît bien que pour les employeurs, les fameuses
« compétences » sont une denrée périssable, puisque le nouvel article L.6321-1 du
code du travail prévoit que les entreprises de plus de cinquante salariés devront
obligatoirement faire passer un « entretien professionnel » à tous les salariés
« dans l’année qui suit leur quarante-cinquième anniversaire » et qu’à cette
occasion, les salariés en question auront « accès à un bilan de compétences »….
Comment en est on arrivé là ?
1/ Au commencement était le chômage (...)
(...)Heureusement cette idée folle et cette logique totalitaire (séparer le corps, l’esprit et
le coeur pour leur coller des étiquettes « compétences ») se heurtent, comme pour
l’agriculture et l’élevage industriels, à la réalité du vivant. Mais il est grand temps de se
réveiller. (...)