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La Croix
Du troc aux achats en gros, les stratégies des Argentins pour faire face à l’inflation
Article mis en ligne le 27 septembre 2018
dernière modification le 25 septembre 2018

Prix de la farine doublé en moins d’un an, oeufs plus chers de moitié, huile en hausse : les courses au quotidien sont devenues un casse-tête pour les Argentins les plus modestes qui, du troc aux achats en gros, multiplient les stratégies pour faire face à l’inflation galopante.

"C’est devenu compliqué de faire toutes ses courses au même endroit. On marche toute la journée pour trouver les meilleurs prix", explique Augustina Saravia, devant les étals du marché hebdomadaire de Nueva Pompeya, un quartier de Buenos Aires où vivent familles de la petite classe moyenne et habitants plus modestes.

"Ici les tomates coûtent 50 pesos le kilo, chez le primeur elles coûtent 30", constate la trentenaire, avant d’aller voir les prix au supermarché voisin.

Comme elles, la plupart des clients du marché scrutent les prix affichés avec attention, hésitent, s’en vont vérifier les prix ailleurs et finissent parfois par revenir pour acheter un sac de pommes ou une poignée de légumes.

Selon l’Institut national des statistiques argentin (INDEC), depuis janvier, l’inflation a atteint 24,3% sur les huit premiers mois et devrait franchir les 30% en septembre. La hausse est encore plus marquée pour l’alimentation, avec des pics pour la farine (115%), les oeufs (56%), l’huile (40%)... (...)

 Sucre contre vêtements -

Sur un espace vert, derrière la gare de Monte Grande, à une quarantaine de km du centre de Buenos Aires, les achats de gros connaissent un autre destin. Tamara, 28 ans, est venue y échanger des paquets de sucre achetés en quantité il y a plusieurs mois. Sans emploi, avec une fille à charge et un loyer à payer, le troc organisé lui permet de faire face.

"Je m’en sors comme cela. Cela fait deux mois que je ne vais plus au supermarché. Je m’approvisionne grâce au troc. J’en fréquente trois par semaine", explique la jeune femme qui vient d’échanger du sucre contre des pâtes, des tomates et des vêtements. (...)

Apparus lors de la grave crise économique de 2001, les clubs de troc n’ont jamais vraiment disparu du paysage argentin. Mais les difficultés récentes leur ont redonné de la vigueur, alors que Facebook facilite désormais les prises de contact entre potentiels échangeurs.

"Nous nous organisons via Facebook pour que les membres puissent recevoir des demandes et obtenir des échanges concrets (...) car certains font jusqu’à une heure de trajet", explique Miriam Silva, une administratrice du groupe Canje solidario MG (Echange solidaire MG, environ 3.000 membres) qui organise une session de troc tous les vendredi.

Sur place, les candidats aux échanges, surtout des femmes, s’identifient grâce à des numéros inscrits sur des pancartes ou des dossards. "Nous ne nous connaissons pas, mais nous nous entraidons" (...)

Pour les médicaments, dont les prix ont aussi augmenté, le groupe a décidé qu’ils feraient l’objet de dons, et non d’échanges : "nous sommes aussi un réseau solidaire", souligne Miriam Silva.