
Il n’a pas de pétrole, mais une ambition démesurée : l’émirat de Dubaï se veut toujours plus haut, plus fort, plus vendeur. Au prix d’une transformation radicale, et sans souci de l’environnement. Visite en treize photos.
Insolente Dubaï, sorte de Métropolis moderne bien décidée à devenir le centre commercial du monde. Havre de paix et de tolérance dans une région aux prises avec les guerres et le fondamentalisme, Dubaï est passée en une génération d’un tas de sable à un Miami oriental. Après avoir failli déposer le bilan en 2009, le Cheikh Al Makhtoum a fait appel à ses riches cousins et la croissance est repartie de plus belle : 5,4% en 2012 et 50 millions de passages dans son “hub” aéroportuaire.
Contrairement aux idées reçues, le pétrole ne pèse que pour 4% de son économie, et c’est sur l’immobilier que compte le Cheikh pour se développer. (...)
« Le mot impossible ne fait pas partie du dictionnaire des leaders », tel est le slogan que le Cheikhh Al Maktoum a fait inscrire en lettre d’or, à côté de son portrait, dans le hall de Burj al Khalifa, la “plus haute tour du monde”.
Les touristes venus du monde entier sont amenés à admirer les silhouettes des gratte-ciels concurrents, qui, de Shanghaï à Toronto, n’ont pas atteint ce sommet : 828 mètres.
57 ascenseurs, un milliard d’euros, le poids en aluminium de cinq A380. La tour aligne aussi le record du plus bas salaire d’ouvrier, certains ayant été payés moins de quatre dollars par jour. (...)
Le Dubaï Mall, plus “grand centre commercial du monde”, au pied de Burj Khalifa est grand comme cinquante terrains de foot, qu’il faut climatiser 24 heures sur 24. Cette ville dans la ville n’accueille pas seulement le “festival du shopping”, une patinoire et un aquarium, elle a aussi créé un quartier moyen-oriental. Quand les nouveaux riches sont lassés de la mode occidentale, ils pastichent leur propre culture. (...)
Il faut 700 kilowatts-heure d’énergie pour abaisser la température du désert à la piste de ski. C’est beaucoup ? Peu importe, Dubaï se fait actuellement construire une centrale nucléaire pour moins dépendre du pétrole. (...)
Du haut de la Burj Khalifa, on voit les vestiges des fondations de The World, le projet de 263 îles artificielles représentant une mappemonde visible depuis l’espace. Faute de crédits, le projet a été stoppé, mais ses promoteurs espèrent le reprendre si Dubaï était sélectionné pour l’organisation de l’Expo Universelle de 2020. En attendant, des coraux ont dû être réimplantés le long des bancs de sable, car le chantier avait fait disparaître la vie sous-marine. (...)
Ici, les avantages fiscaux attirent les banques du monde entier. Quelque deux cents Français s’installent ici chaque mois, en quête de croissance infinie.
Infinie, vraiment ?