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Rue 89
E-mail, tchat : communiquer en silence pour mieux travailler ?
Article mis en ligne le 12 décembre 2012
dernière modification le 9 décembre 2012

Les salariés, parfois voisins de bureau, travaillent de plus en plus par messagerie. Un outil d’entraide, certes, mais qui déconcentre et déresponsabilise.

Je redoutais le brouhaha de l’open space. Je quittais un bureau chez moi pour la rédaction de Rue89, où s’active en permanence une vingtaine de personnes. Et pourtant, ce qui m’a frappée dès les premiers jours, c’est le silence. Peu de coups de fil, encore moins de discussions.

Toutefois, mes collègues se comprennent comme par magie. Sans un regard ni une parole, ils sont deux à éclater de rire en même temps à deux extrémités de la pièce. D’un même élan, à l’heure du déjeuner, ils sont cinq à se lever, sachant déjà s’ils vont avaler des sushis ou une entrecôte. Toute la journée, des ordres se donnent, des comptes se règlent, des drames se nouent et se dénouent sans faire parler d’eux.

Qu’ils soient séparés par des kilomètres de couloir ou assis à un mètre l’un de l’autre dans le même bureau, les salariés communiquent de plus en plus en mode discret. Par e-mail si le message est long, mais surtout par messagerie instantanée – par tchat. (...)

Le tchat allié au mail donne aux cadres le sentiment de pouvoir travailler aux moments où ils sont le plus efficaces, le plus libres, sans temps morts, et de pouvoir être réactifs quand il le faut (« pour négocier un super contrat à 22 heures »). Ils pensent optimiser leur disponibilité, mais en même temps, ils sont désormais tout le temps disponibles.

Tel est le paradoxe, soulève la chercheuse du laboratoire recherche en information, communication et art de l’université de Bordeaux. Ces outils sont finalement souvent utilisés pour remplir un peu plus les journées :

« Les salariés en viennent à utiliser le tchat pour vérifier que l’autre a bien reçu le mail envoyé il y a un cinq minutes... C’est un moyen de pression et de contrôle de l’activité. » (...)